Le bouclier massaï
Datte: 12/08/2021,
Catégories:
ff,
frousses,
nopéné,
humour,
sorcelleri,
québec,
... étourdi. Au moins, l’eau avait calmé mes crampes d’estomac, pour l’instant. Soudain, j’aperçus un petit bureau dans un coin. J’y allai, marchant comme un homme ivre en me frottant les bras pour me réchauffer, espérant y trouver un téléphone pour appeler Marie, priant qu’elle vienne me chercher au plus vite. Je me laissai tomber dans un fauteuil, la tête me tournait et ma vue s’embrouillait à nouveau. J’attendis un instant avant de décrocher le téléphone sur le bureau me rappelant ce que Tahina avait dit à propos du bokor et de mon âme. « Il faut la trouver sinon il pourrait la manger et te transformer en zombie. » Étais-je un zombie ? Petit Jésus ! Je me mis la main sur le cœur et le sentis battre, pas très régulièrement, mais il battait. Ouf ! Après quelques minutes, je pris une ligne et composai le numéro du portable de Marie essayant toujours de me rappeler ce qui avait bien pu m’arriver pour que je me retrouve à la morgue, mais rien à faire. Elle répondit aussitôt. — Oui ? Sa belle voix éraillée était cassée, brisée, à peine un murmure. — Marie, c’est moi. Jésus Christ ! Je parlais toujours comme un lutteur qui aurait reçu trop de coups de genou dans la gorge. J’essayai de m’éclaircir la voix un peu. — Marie, c’est Paul.— Quoi, Paul ? Un long silence et… boum ! — Marie ! Marie ! Minou ! Merde ! Je raccrochai inquiet et rappelai aussitôt. Rien… la boîte vocale. Je fis le numéro de Pierrette. — Oui ?— Pierrette, ce n’est pas un lutteur, c’est Paul, ton petit Paul.— Qui ? ...
... Je m’éclaircis encore la voix en jurant tout bas. — C’est moi, ma tante, c’est Paul. Encore un long silence et… Boum ! — Ben là ! fis-je en raccrochant, découragé. Je regardai autour de moi en claquant des dents et reposant le combiné. Il fallait que je trouve des vêtements pour sortir d’ici, il devait bien y avoir des casiers quelque part. Bingo ! Je vis une patère derrière la porte, il y pendait des habits de médecin, vert pomme : chemise et pantalon plus un sarrau blanc avec une carte d’identité pincée à une poche, mais pas de chaussures. Sans plus réfléchir, je mis les vêtements, propres heureusement, mais un peu trop petits, bien décidé à rentrer à la maison. Je me sentais faible comme si je n’avais pas mangé depuis des jours et j’avais toujours froid, mais, somme toute, je me sentais plutôt bien. Plus d’étourdissements, plus de nausées, mais j’avais la même haleine qu’un vautour qui vient de se taper une collation dans une carcasse pourrissant au soleil. Je sortis de la salle d’autopsie sans rencontrer âme qui vive et trouvai un ascenseur au fond d’un petit couloir. D’après un plan vissé au mur, je vis que je me trouvais dans un hôpital au troisième sous-sol. J’appelai l’ascenseur et tandis que je patientais j’essayais toujours de comprendre pourquoi j’étais là, mais rien à faire. Pourquoi m’avait-on mis à la morgue ? Dans un tiroir et sans m’autopsier, fort heureusement ! « T’es un zombie, idiot, c’est pour ça », me dit une petite voix. « Ils t’ont cru mort, c’est tout. ...