Question de principes - Histoires de Sexe

Question de principes

... s’assoit sur la table, surplombant Marcelin resté assis : — Ne tournons pas autour du pot : tu as en ta possession un certain livre d’époque sur le Prophète.— C’est une question ?— C’est une affirmation. Ton grand-oncle était sous surveillance. Il savait beaucoup de choses, trop même, mais comme il était intelligent, il s’est tu. Mais il n’a pas su se résoudre à faire disparaître le livre, nous soupçonnions qu’il en avait un ou une copie.— Oui, il en avait un, un original de première édition. Nathan hausse les sourcils : — Ah ? Carrément un original ?— Oui, si j’en crois ce qui est écrit.— Tu arrives donc à lire le vieux français ?— Assez bien… Je ne suis pas un expert, mais je me débrouille. Ce n’est pas un grand secret, tout le monde sait que je m’intéresse aux langues anciennes, celles d’avant la réforme et des grandes fusions.— Oui, ce n’est pas un secret. Un bref silence, puis Nathan reprend : — Tu comptes faire quoi avec ce livre ? Marcelin soupire, se calant sur son siège ergonomique : — Il y a l’histoire officielle et l’officieuse. Et ce, depuis que le monde est monde. Les anciens rois puis les gouvernements n’ont jamais été blancs comme neige.— La neige… elle se fait rare de nos jours…— Nathan, je parie que tu es au courant depuis longtemps de ce qu’il y a dans ce foutu bouquin. Alors ne tournons pas autour du pot : je me contrefiche de savoir si le Prophète était, oui ou non, l’homme qu’on encense. Sa religion n’est pas pire que beaucoup d’autres, et je dirais ...

... qu’elle est meilleure que bien d’autres.— Tu joues les neutres ?— Ma femme y croit, toutes mes connaissances y croient. Et moi, ça m’arrange en quelque sorte… Plutôt déridé, Nathan répond, songeur : — Ta femme, Marceline, la belle et sensuelle Marceline… Oui, c’est vrai qu’elle est à fond dedans !— Oui, à fond… Tu ne crois pas si bien dire !— Au fait, juridiquement, elle n’est pas ta femme…— Pour moi, administrativement ou pas, c’est pareil… Oui, j’aimerais beaucoup être son exclusif, ou son demi-exclusif mais il va falloir que j’attende… Une lueur curieuse au fond des yeux, Nathan se remet debout, contemplant son vis-à-vis : — Je me suis souvent demandé ce que Marceline te trouvait. Elle aurait pu faire comme Marcella, celle de l’accueil, et vivre à fond sa vie, les jambes largement écartées…— Ne t’en fais pas, Marceline ne se prive pas, je le sais. Mais je préfère fermer les yeux plutôt que de la perdre…— C’est ce que j’avais compris. Tu es stable, pragmatique et… on va dire : tolérant ; c’est sans doute ce qu’elle recherche. Elle sait qu’elle peut toujours aller se réfugier auprès de toi.— Qu’est-ce qui me vaut cette avalanche de compliments ? Lui tournant le dos, Nathan semble vérifier quelque chose, puis il répond : — Pour un peu, je pourrais être jaloux de toi, mais comme j’ai déniché ma Marceline à moi, c’est de l’histoire ancienne.— De l’histoire ancienne ? Comment ça ?— Je vais être clair : tu en sais trop, mais pour différentes raisons, tu ne seras pas évaporé, comme on ...