La clé
Datte: 30/11/2017,
Catégories:
fh,
Collègues / Travail
nonéro,
sf,
... pris congé de Jean-Luc, le plus diplomatiquement possible ; et bien, la semaine s’annonçait longue ! En repartant, je tombai nez à nez avec Karina, les bras chargés de dossiers. Je voulus la soulager d’une partie de son fardeau, mais, d’un regard sibérien, elle me stoppa net dans mon élan. Ce seul et unique regard, aussi dissuasif que la perspective d’une ascension himalayenne pour un quinqua asthmatique, me fit oublier subito toutes velléités de rapprochement, à court ou moyen terme. Dire que les heures passèrent lentement ce lundi-là serait un euphémisme aussi plat que la campagne normande. Par rapport au rush des dernières semaines, j’avais l’impression d’être désœuvré. Autour de moi, mes collègues rangeaient tranquillement leurs dossiers, préparant déjà le projet suivant. L’étude « barrage de la Narbada » était une affaire classée ; tout notre travail irait bientôt s’entasser dans quelques boites à archives, au fond d’un local de stockage… avant d’être exhumé en catastrophe, un sombre jour de septembre 2013 ! Il fallait que je fasse quelque chose ! Mais quoi, bon dieu ? Je me sentais piégé, tel le rongeur trop abruti pour trouver la sortie du dédale où on l’aurait balancé de force. La seule solution, c’était réfléchir, réfléchir encore, jusqu’à ce qu’une idée me vienne. Dans les dernières heures de l’après-midi, cette fameuse idée, étonnamment, finit par germer, comme une pousse improbable au cœur du désert. Mais, de l’idée à sa réalisation, il y avait toute une ...
... panoplie d’accrocs possibles. J’étais encore loin de pouvoir crier victoire. oooOOOOOooo J’attendis qu’il fasse nuit noire pour mettre mon plan à exécution. Planqué dans ma vieille voiture, une Honda Civic garée à quelques rues de l’immeuble de notre société pour ne pas me faire repérer, je n’en menais pas large. Ce que je m’apprêtais à faire était plutôt risqué et pouvait me coûter ma place, mais je n’avais pas d’autres solutions. Je devais agir rapidement, pour ne pas perdre la possibilité d’accéder aux seuls documents pouvant changer le cours des choses. Vers vingt-deux heures, je rassemblai ce que je pus de courage et je me pointai devant l’immeuble de verre et d’acier, occupé presque en totalité par notre compagnie. Bien que je sois relativement sportif, je n’ai rien d’un agent surentraîné du GIGN ; pas question d’une effraction à la Belmondo ! Dans un élan d’audace quasi inconscient, j’avais subtilisé quelques heures plus tôt le double du passe général dans la guérite de l’agent de sécurité, profitant d’un moment où il était occupé à compter fleurette à la réceptionniste. D’une main peu assurée, je bataillai avec la serrure, espérant presque m’être trompé de clé pour avoir une bonne raison de déguerpir. Mais, à la quatrième tentative, j’entendis un cliquetis de bonne augure et la gâche se libéra, me donnant accès au hall d’accueil. Sitôt dans la place, j’entrai le code pour désenclencher l’alarme, puis me dirigeai, un peu nerveux, vers le bureau de Karina. Je craignais par ...