1. La clé


    Datte: 30/11/2017, Catégories: fh, Collègues / Travail nonéro, sf,

    ... joue avec un pistolet à grenaille, il décrocha son portable et appela le siège de la société de gardiennage. Sur une impulsion subite, j’en profitai pour glisser une main derrière moi, ôtant à tâtons la clef USB, que je laissai tomber dans le tiroir entrouvert du bureau. J’espérais, sans trop y croire, que le vigile n’avait pas repéré mon manège. — Qu’est-ce que tu planques dans ton dos ? Montre-moi tes pognes ! gueula-t-il, en s’approchant soudain.— J’ai rien ! Rien du tout ! lui dis-je, tendant mes paumes ouvertes devant moi. Je reculai, m’appuyant contre le tiroir qui se referma sans bruit. Le vigile me fit mettre à genoux devant lui, mains à plat sur le sol, en attendant l’arrivée des flics. J’étais sous le choc et plutôt effrayé par les conséquences de mon geste. oooOOOOOooo Il était un peu plus d’une heure du matin quand le patron de la boite arriva au commissariat de quartier où l’on m’avait conduit. Un des flics de service me fit alors sortir de la cellule d’isolement où l’on m’avait flanqué après avoir pris ma déposition. Je me faisais tout petit, tandis que le big boss me jaugeait, sans rien dire ; mêlée à la colère, il y avait une lueur d’incompréhension dans son regard. Heureusement pour moi, il n’avait pas l’intention de porter plainte. Ça ne voulait pas dire que j’étais tiré d’affaires… Le même policier qui m’avait interrogé un peu plus tôt lui présenta un tas effarant de paperasses à signer, puis on me rendit la liberté. Une fois sur le trottoir, devant le ...
    ... commissariat, le boss me jeta, d’une voix cinglante : — Dumont, dans mon bureau à huit heures. Et ne soyez pas en retard ! Puis, il tourna les talons et me planta là. C’était plutôt mal barré ! Après une nuit aussi courte que la précédente, mais plus difficile encore, je me présentai à huit heures moins cinq devant la secrétaire du patron, une vieille fille rêche et guindée qui annonça mon arrivée par l’intercom, d’une voix monocorde parfaitement dénuée d’émotions. Mes traits étaient toujours aussi marqués par le manque de sommeil, mais cette fois j’étais rasé de frais et j’avais revêtu un costume trois pièces. Je devais cependant faire peine à voir ; le visage de la vieille peau reflétait plus la pitié condescendante que la désapprobation. Nous n’échangeâmes pas un mot durant tout le temps que dura l’attente ; elle savait aussi bien que moi pourquoi j’étais là. Je ne me faisais pas d’illusions : avant la fin de la matinée, toute la boite serait au courant. La porte d’en face s’ouvrit et le boss passa la tête par l’embrasure ; d’un bref coup de menton, il me signifia d’entrer. Je bafouillai confusément des salutations auxquelles il ne se donna pas la peine de répondre, n’ayant que faire de mes ronds de jambes. En le suivant dans la pièce, j’eus la surprise de voir Karina, installée dans un des sièges face à son imposant bureau. Je m’assis sur le fauteuil à côté d’elle, avec aussi peu d’entrain que s’il s’était agi d’une planche à clous. Elle ne me jeta pas un regard. — Dumont, ...
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