La balade australienne - Histoires de Sexe

La balade australienne

... endroit où camper et incita le chauffeur à s’arrêter. — On pourrait continuer encore un peu, dit Hubert— Nan, on peut pas !— Pourquoi ?— Les kangous ! Il se tourna vers elle, interrogatif : — Quoi, les kangourous ?— La nuit, dans l’outback, tu ne les vois pas, ils sautent en travers de la route et tu les emplafonnes. Au mieux, ta voiture est foutue, au pire t’es mort ! Il obtempéra donc. Arrêté, il posa ses mains sur le volant, regarda sa passagère et lui demanda : — Bon, tu m’expliques ?— Nan, pas maintenant !— Et pourquoi, pas maintenant ? L’accrochant par le col de la chemisette, elle l’entraîna vers l’arrière du Transporter et lui dit : — Parce que maintenant, on baise ! La tourmente passée, Hubert alluma le sempiternel bbq pour le tout aussi habituel steak de kangou. Le rougeoiement des flammes éclairait leurs visages d’un halo vacillant. L’heure était aux explications. Il déchiquetait la viande à belles dents et la regardait. Elle, grignotait à peine et l’observait à la dérobée. — Tu veux savoir quoi, Frenchy ?— Quand j’ai les flics au cul, j’aime savoir pourquoi !— C’est pas à cause de toi !— Ça, j’m’en doute, répondit-il hargneusement. Elle tergiversa un petit moment, puis lui avoua : — La nana sur l’affiche, c’est moi.— Ça, je m’en doute aussi ! Tu as fait quoi ?— J’ai tué mon mari. Hubert la regarda un grand moment, certains souvenirs revenants à la surface. — Pourquoi ?— J’sais pas, un trop plein, il me cognait trop, il était trop violent, je voulais me barrer.— ...

... Et ?— Il a trouvé les traveller’s, il a compris que je voulais partir. Alors il a cogné encore plus, il m’a attachée et il m’a baisée. Il m’a fait très mal.— Comment tu l’as tué ? Nancy avait maintenant de grands yeux apeurés, des yeux quémandant un soutien. — Il avait laissé son fusil juste à côté. Quand il m’a détachée, j’avais la rage, je l’ai pris et j’ai tiré.— …— Je l’ai éclaté, ce porc ! Hubert enveloppa de son bras les épaules de la fille et elle éclata en sanglots. La première faiblesse qu’elle manifestait depuis leur rencontre. Elle nicha son visage dans sa poitrine. — Pourquoi l’as-tu épousée ?— Connerie de jeunesse, à peine dix-huit ans et lui était très riche. Très riche et très con. Il m’avait acheté une Aston-Martin comme cadeau de mariage.— Laquelle ? demanda Hubert que son passé de mécanicien titillait toujours.— Ch’sais plus, je m’en foutais, je n’aime pas ces voitures de frimeurs.— M’oui… Ça roule bien et vite, moi j’aime bien ! Hubert était interloqué. Les événements sordides se multipliaient dans sa vie. Nancy sanglotait doucement, blottie contre lui. Il ne connaissait pas son histoire. Il repensait à la sienne. Celle qu’il avait laissée derrière lui, il y a bien des années. Les sanglots de Nancy s’apaisaient petit à petit. Elle releva les yeux vers lui. — Je t’ai entraîné dans ma merde, Frenchy.— Pas grave, faut juste savoir comment en sortir.— T’as une idée ? Il ne répondit pas immédiatement, la considéra longuement, puis lui dit : — Faut qu’on se casse ...