Lutte des classes
Datte: 12/12/2017,
Catégories:
fh,
amour,
nonéro,
... l’entretien de l’appartement et l’héritage s’est révélé un gouffre sans fond. L’électricité a grillé manquant de provoquer un incendie. Il faudrait aussi changer toutes les fenêtres qui laissent passer les courants d’air, reprendre toutes les peintures, bref tout refaire. Arrivée au bas de chez elle, Anne Sophie s’abrite du mieux possible pour taper sur le clavier du digicode. Elle monte rapidement au deuxième étage. Sur le palier Patrick tire la porte. À ses pieds, deux grands sacs marins. — Tu pars en voyage, lui demande-t-elle.— Oui, en fait, j’ai trouvé une place dans une étude à Marseille, et je commence lundi. Alors j’y vais. Excuse-moi mais je dois prendre le train dans moins de demi-heure. Je t’ai laissé un mot sur la table.— Salaud ! Tu aurais pu me prévenir.— J’ai essayé, mais tu étais tellement nerveuse que je n’ai pas osé. Bon au revoir. Et sans même l’embrasser, il descend rapidement l’escalier. Elle le regarde partir, écœurée, mais au fond d’elle-même soulagée, elle savait que cela se terminerait ainsi. Mais que cela arrive aujourd’hui ! Elle entre, allume la lampe de chantier que lui a branché l’électricien. Au fait, il ne va pas tarder à arriver. Comment lui dire qu’elle ne peut pas faire les travaux. D’autant qu’il vient apporter le matériel. Elle s’affaisse sur une chaise dans le vestibule, sans bouger. Les coups frappés à sa porte la tire de sa torpeur. Elle ouvre, il est là. — J’ai été obligé de sonner chez un voisin, et lui expliquer que votre ...
... installation était en panne. Heureusement, j’ai apporté le matériel et nous pourrons commencer dès lundi. Vous verrez, vendredi prochain ce sera fini. » Puis se tournant vers son ouvrier : — Julien, descend chercher le reste. Anne le regarde et lui avoue : — Écoutez, je ne peux pas faire les travaux, j’ai perdu mon emploi, je n’ai plus d’argent.— Attendez ma petite dame, j’ai acheté le nécessaire, vous avez signé le devis, débrouillez-vous comme vous voulez, vous devez me payer !— Mais je n’ai presque plus rien, comment voulez-vous que je fasse !— Réglez-moi la facture du matériel, je vous le laisse, nous ferons les travaux quand vous en aurez les moyens. L’ouvrier, les bras chargés entre dans l’appartement, demande où est-ce qu’il peut déposer ses colis. Elle lui indique la cuisine, d’un air désespéré. Il pose son chargement, son écharpe se prend entre deux cartons et tombe. Pressé d’en finir, il repart chercher le reste des paquets. Anne-Sophie, effondrée, sort son carnet de chèque et règle l’artisan. Ce dernier, rassuré, attend son ouvrier. Puis rapidement tous deux quittent l’appartement. Dans la camionnette, le patron estime qu’il ne s’en est pas trop mal tiré : il s’est fait payer, aura sa commission auprès du fournisseur. Et comme ce n’est pas le travail qui manque, lundi il pourra aller attaquer un nouveau chantier. — Merde ! J’ai oublié mon écharpe chez la cliente, s’exclame Julien.— Écoute, je ne peux pas te ramener là bas, il me faudrait faire le tour des boulevards.— ...