1. Esprit, es-tu là ?


    Datte: 18/12/2017, Catégories: grosseins, forêt, cérébral, entreseins, nopéné, nonéro, fantastiqu, sorcelleri,

    — Esprit, es-tu là ? demande Frank d’une voix assurée.— Esprit, es-tu là ? insiste-t-il, on ne peut plus sérieux. Mélanie, Pauline et moi n’en menons pas large. Contrairement aux filles, j’essaie tant bien que mal de masquer mon trouble. La peur se lit aisément sur leur visage et je constate que leurs doigts tremblent sur le verre retourné. Frank ne nous prête pas la moindre attention, il semble absorbé par la séance qu’il a amorcée. Depuis un peu plus d’une minute, il répète la même litanie. Nos quatre index effleurent le verre, qui bien évidemment ne bouge pas malgré toute l’énergie que semble déployer Frank pour provoquer l’impensable. Au bout de cinq minutes, je m’aperçois que Mélanie et Pauline paraissent plus détendues. D’ailleurs, je me sens moi-même mieux et ne peux m’empêcher de me trouver ridicule d’avoir craint quelque chose qui a autant de chance de se produire que de remporter deux fois d’affilée le jackpot à l’Euromillion. Le sérieux de Frank rend la situation cocasse et j’ai presque envie de rire lorsqu’il déclare d’une voix autoritaire : — Esprit, je te somme de te manifester ! Sur le champ ! « Je te somme… » Il n’en ferait pas trop ? Qu’est-ce qu’il ne ferait pas pour épater la galerie ? Je suis à deux doigts de lui dire que tout ceci n’est qu’une vaste fumisterie lorsque j’ai l’impression que le verre se déplace. Un très léger mouvement. Quasi imperceptible. Probablement un tour que me joue mon imagination, à moins que ce ne soit Frank qui s’amuse. À ...
    ... l’instant où je m’apprête à lui dire d’arrêter de faire le con, les filles poussent un hurlement à l’unisson. o000o Comment en sommes-nous arrivés là ? Un peu par hasard. Mais c’est évidemment Frank qui a eu cette idée. Comme toujours, c’est lui qui a des idées tordues. C’est lui qui nous a proposé une séance de spiritisme dansnotre cabane. Nous la connaissons par cœur, pour y avoir passé notre jeunesse, Frank et moi. Nous nous fréquentons depuis la maternelle et nos parents sont rapidement devenus amis. Enfants, nous nous rendions dans ce bois afin de jouer aux cow-boys et aux Indiens ou aux apprentis Indiana Jones. Nous avons découvert cette cabane par hasard, un jour où nous avions poussé un peu plus loin notre exploration du bois. De l’extérieur, elle ne payait pas de mine, construite avec des troncs d’arbres traversés par des planches disposées horizontalement ; elle était de guingois, avec un toit constitué de tôles récupérées. Pas de porte d’entrée à proprement parler, une simple ouverture dans un pan de la cabane. À l’intérieur, une unique pièce carrée d’environ trois mètres de côté au centre de laquelle trônait une vieille table, probablement récupérée dans un café à en juger par le plateau en marbre. Deux vieilles chaises de jardin qui avaient besoin d’un coup de pinceau encerclaient la table. Les toiles d’araignée et l’épaisse poussière qui recouvrait le rare mobilier révélaient que l’endroit n’avait pas été occupé depuis belle lurette. Au sol, un matelas moisi gisait ...
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