1. Esprit, es-tu là ?


    Datte: 18/12/2017, Catégories: grosseins, forêt, cérébral, entreseins, nopéné, nonéro, fantastiqu, sorcelleri,

    ... me sert le classique « Frank m’a beaucoup parlé de toi. ». — Salut, se contente de dire Pauline en enlevant ses lunettes pour faire la bise au couple. Je suis ravi qu’elle n’ait pas jugé utile de préciser qu’elle n’était pas avec moi, ce que j’ai un instant craint. Après ces brèves présentations, Frank explique aux filles que, pour rejoindre notre cabane, « notre lieu de débauche » pour le citer, il nous faudra marcher une grosse heure à travers bois. Un instant, il me semble déceler un voile d’inquiétude qui passe furtivement sur les visages de nos copines. Frank a certainement eu la même impression, car il ajoute : — Ne vous inquiétez pas, les filles ! Jérôme a autant peur que vous et il ne traverse jamais le bois de nuit sans la lampe-torche que déposait sa mère dans sa chambre quand il craignait le grand méchant loup.— T’es vraiment un comique, Frank. Mais malheureusement, j’ai oublié la lampe-torche de maman. On va devoir s’éclairer au briquet, mens-je, la lampe-torche étant dans le sac à dos qui contenait la bouteille de rhum, des gobelets en plastique, des verres (parce que Frank ne supporte pas de boire de l’alcool dans du plastique), une lampe à gaz et quelques sandwiches enveloppés dans du papier aluminium. Frank et moi n’avions pas oublié notre rituel. À chaque fois que nous avions amené des filles dans la cabane, nous nous étions tout le temps amusés à créer un climat propice pour les effrayer. Je m’attends par conséquent à ce que les filles manifestent des ...
    ... réticences, mais cela ne se produit pas. Nous pénétrons donc dans le bois et nous éclairons avec le briquet. Si vous n’avez jamais marché la nuit dans une forêt, sachez que c’est une expérience troublante qui met le plus courageux des hommes devant ses peurs les plus primitives. Vous avez beau tenter de vous raisonner, je vous garantis que vous aurez des sensations qui, si elles peuvent être euphorisantes, peuvent aussi parfois s’avérer flippantes et même terrifiantes. Les feuilles, les brindilles craquent sous nos pieds et, de temps à autre, la flamme du briquet dévoile des silhouettes d’arbres décharnés que mon imagination – et j’imagine celle des autres – associe à des créatures qu’on ne croise que dans d’atroces cauchemars. Plus personne ne parle. Seuls le petit clic que fait leBic en l’actionnant et des bruissements viennent troubler la quiétude de la nature. Dans ces conditions, elle devient vite inquiétante et, à la manière dont la tête des filles s’agite à droite ou à gauche dès qu’un bruit brise le silence, je suis persuadé qu’une frousse terrible est en train de les envahir. Pour être tout à fait honnête, je me force à ne pas sursauter quand les mêmes sons parviennent à mes oreilles. Nous progressons depuis maintenant un quart d’heure. Lerapprochement des corps dont je parlais s’est produit. Pauline ne me quitte pas d’une semelle. Elle avance à mes côtés et je sens parfois qu’elle se retient de ne pas s’accrocher à mon bras dès qu’un animal nocturne ne trouve rien d’autre ...
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