Chroniques immortelles - Viracocha (3)
Datte: 19/12/2017,
Catégories:
Divers,
... haricots, maïs, piments, pommes de terre, tomates, et quelques autres dont je ne connais pas le nom. Mon étonnement disparaît après qu’ayant rassemblé mes souvenirs, je réalise que ces légumes sont originaires d’Amérique. Taima m’entraîne vers des rangées de pommes de terre, et me tend une sorte de petite bêche. — Nous allons récolter les racines de cette rangée, me dit-elle, puis nous y mettrons de nouvelles racines mères. Regarde, on fait comme ça. Et me voilà à quatre pattes à côté de mon « professeur », chacune sur une rangée. Nous fouillons la terre de notre outil, puis de nos mains. Taima me félicite ! Les tubercules s’accumulent dans nos filets. On se retrouve noires de terre pratiquement de la tête aux pieds. Si je fais la moue en constatant qu’une fois de plus je suis crottée, Taima rit ouvertement de ma réaction. Et pourtant elle est dans le même état que moi ! Le sol ici est d’une richesse incroyable. Je l’ignore, car je ne sais pas exactement où nous sommes, mais les rivières, dont celle qui borde le campement, descendent directement des zones volcaniques de la cordillère. La chaleur et les précipitations font le reste... Les autres femmes récoltent ou entretiennent pareillement les autres cultures. Tout se déroule dans la bonne humeur. Et soudain, au bout du potager, un cri perçant ! C’est un enfant qui a crié, suivi des pleurs d’un autre. Des appels à l’aide. Les cris des femmes qui éclatent, un mouvement de reflux. Un feulement. El tigré ! El tigré !... El ...
... tigré ? Un jaguar !!! C’est en effet un jaguar qui est apparu. Il a coincé deux enfants, qui dans un réflexe se sont perchés sur une saillie rocheuse au flanc de la falaise. Mais le fauve est à leurs pieds et calcule son saut ! Les femmes s’enfuient en désordre en criant, en appelant les hommes au secours. Une seule veut se précipiter, mais les autres la retiennent. Je ne réfléchis pas, je réagis d’instinct. J’ai arraché un solide piquet de tomate et je cours au secours des deux enfants. Le jaguar surpris marque un temps d’arrêt ce qui me laisse le temps de m’interposer entre lui et eux. Et je me mets en garde, le piquet pointé vers lui. En un éclair, j’ai poussé ma force physique au-delà des limites humaines. Si le fauve m’attaque, je vais le casser en deux ! Mais je ne veux pas le tuer... Je pénètre son esprit, cherche à atteindre ses centres de réflexion malgré la différence existante entre nos deux cerveaux. Arrête jaguar ! Ne fais pas de mal à ces enfants ! Recule, retourne dans ta forêt et il ne te sera fait aucun mal. Oui... je sens que tu me comprends, je te perçois, tu me perçois... L’animal hésite. Il a compris mon ordre. Il est déconcerté. Comment peut-il comprendre ce que cette femelle humaine lui dit ??? Une simple femelle humaine... mais il perçoit aussi la force redoutable qui l’habite. Se battre ? Au risque d’être blessé ? Les guerriers qui arrivent en criant, lances et arcs aux mains découvrent un spectacle qui les cloue de stupeur. La blanche, un simple bâton à ...