1. Un futur grisâtre


    Datte: 20/12/2017, Catégories: mélo, sf, policier,

    ... la couette. Elle fouilla dans sa mémoire, à la recherche du nom de celui qui partageait son lit, celui qui avait repoussé l’heure où les ténèbres l’enveloppaient et la tourmentaient. Elle le remercia également, même s’il avait été un piètre amant. Bon ou mauvais coup, encore un souvenir qui lui échappait. Ce dont elle se souvenait le mieux s’était déroulé pendant son sommeil et n’était pas réellement arrivé. N’est-ce pas ? Elle le prit par l’épaule et le secoua sans ménagement. Tant pis s’il n’aimait pas être réveillé de la sorte. De toute façon, il y avait peu de chance pour qu’ils se retrouvent tous les deux ensemble au même endroit la nuit suivante. Ce n’était plus arrivé depuis longtemps. — Debout chou. On a du boulot. Elle détestait ces petits noms que se donnaient les amoureux à longueur de journée, mais cela lui avait échappé. Elle se leva et partit s’habiller dans la salle de bains. Elle enfila les habits qu’elle portait la veille, l’avant-veille et certainement toute la semaine précédente. Elle ne se rappelait plus depuis combien de temps elle n’avait pas fait de lessive. Beaucoup de trous de mémoire décidément. Elle ouvrit la porte et contempla le désordre qui régnait dans la pièce. Son appartement n’était composé que d’une unique pièce qu’elle avait aménagée avec le plus mauvais goût possible, mais sans en avoir l’intention. Elle vit l’homme assis au bord du lit, les yeux hagards, ébahi devant un tel spectacle. Elle savait qu’il se demandait comment il avait pu ...
    ... entrer ici. Elle savait aussi qu’il le regrettait et qu’il n’y remettrait plus les pieds. Peu importe, les types qui atterrissaient ici ne venaient pas admirer la décoration, ni la superbe vue sur les immeubles gris et bruyants. Elle le regarda s’habiller sans dire un mot et quand il eut mis son uniforme, elle s’arrangea pour y trouver son nom. — Allons-y… Pete. Au fur et à mesure qu’ils s’approchaient de ce que son patron avait qualifié de scène atroce et difficilement supportable, merci de ne pas m’avoir donné tous les détails au réveil, se dit-elle, ses sens s’éveillèrent. Elle était au mieux de sa forme lorsqu’il s’agissait de résoudre des énigmes, de s’occuper d’affaires sordides dont personne ne voulait. Elle ne craignait pas la vue du sang, ni les multiples horreurs dont étaient capables les détraqués de cette ville, de plus en plus imaginatifs d’ailleurs. Pas plus que les regards de ses collègues lorsqu’ils la voyaient se pointer à l’aube, un nouveau type à ses côtés, alors que ses vêtements restaient invariablement les mêmes et que son visage subissait de plus en plus les affres du temps et des nuits agitées. Par contre, son coéquipier n’était pas aussi endurci qu’elle et il baissa la tête pour éviter les regards moqueurs et les gestes équivoques. Ça ne durerait guère plus d’une semaine, le temps qu’un autre prenne sa place. Sans saluer personne, elle se dirigea vers son patron, la seule personne pour qui elle avait de l’estime et qu’elle écoutait réellement quand il ...
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