Un futur grisâtre
Datte: 20/12/2017,
Catégories:
mélo,
sf,
policier,
... petit, c’est comme ça qu’on parle à une dame.— Je vois pas de dame ici. Que des flics et une pute.— Une pute vraiment ? Alors tu me dois pas mal d’argent mon gars. Elle rendit la cigarette au jeune et retourna à la voiture où l’attendait Pete. — Ramène-nous au poste. Après je te libère. T’iras vaquer à tes occupations. – III – Ils traversèrent la ville sans la voir. Depuis plusieurs années, la situation s’était dégradée et le quartier où elle vivait était devenu un immense camp retranché. Le maire avait fait construire des murs autour des immenses tours pour protéger, disait-il, les honnêtes gens de la menace que représentaient les dealers de drogue et les assassins. Il fallait payer une taxe, très élevée et en constante augmentation, pour pouvoir vivre du bon côté. Ainsi, toutes les semaines de nouveaux pauvres franchissaient la frontière et venaient grossir la masse des miséreux. Dans ce sens-là, le voyage était possible et même organisé. Mais le retour était un rêve qui disparaissait aussi rapidement que la dignité de ces anciens biens lotis. Une poignée d’hommes et de femmes courageux ou inconscients avaient formé une police, mais les moyens étaient tellement réduits et les crimes tellement nombreux que leur champ d’action était très limité. Ils n’avaient aucun moyen d’améliorer leur condition de travail, l’argent dont il aurait fallu disposer n’était pas disponible de ce côté du mur. Il n’y avait pas d’impôts, les gens étaient trop pauvres pour les payer. Ceux qui ...
... avaient de l’argent étaient les dealers et les macs. Leur clientèle étaient les bourgeois d’en face, ceux qui étaient trop en manque ou avides de sensations fortes et qui se risquaient à traverser la frontière de béton dans la nuit noire. Souvent, ils ne revenaient pas de leur séjour en enfer. On les retrouvait morts au petit matin, égorgés ou drogués. Overdose ou meurtre crapuleux, voilà l’ordinaire des flics de cette cité. Mais depuis quelque temps, un maniaque s’attaquait aux femmes. La fille de ce matin était la vingt-quatrième victime depuis le début de l’année. Il ne chômait pas. Malgré leur volonté, les enquêteurs n’avaient aucun moyen de l’identifier. Pas de fichier génétique, aucun suivi judiciaire des criminels. En face, ils avaient tout ça. Mais pas d’assassins. La seule façon de lui mettre la main dessus était le flagrant délit. Mais comment surveiller vingt-cinq kilomètres carrés de béton et d’acier, presque perpétuellement plongés dans l’obscurité, même en plein été ? Le nuage qui recouvrait le ciel était si opaque que le soleil ne pouvait le traverser. Au moins une chose que les deux côtés du mur avaient en commun. Cela faisait douze ans que l’explosion avait eu lieu et la poussière ne retombait toujours pas. Ils arrivèrent devant ce qui avait été pompeusement baptisé commissariat, mais qui n’était en fait qu’un immeuble sale aux vitres brisées comme les autres. Ce qui faisait réellement la différence avec les autres taudis, c’était les véhicules de police, pas ...