Chapitre 2
Datte: 21/12/2017,
Catégories:
couleurs,
Collègues / Travail
médical,
telnet,
nonéro,
sf,
... l’instant, voilà ce que je dois faire. Reprendre possession de mes sens, c’est le plus facile, je réfléchirai plus tard. Je commence par respirer profondément. Je sens mon souffle gonfler mes poumons, je commence à percevoir des odeurs. L’odeur des draps propres, l’odeur d’une chambre d’hôpital, et aussi une autre odeur plus subtile. Je me concentre, je la connais cette odeur, je l’aime, je la trouve rassurante. Une odeur de femme, chaude et enivrante. Mélange indescriptible de parfum passé et de sécrétions hormonales. Nouveau sens en éveil : l’ouïe. Premier son entendu, le doux ronronnement d’une personne endormie à ma gauche. Puis le bruit mécanique d’appareils médicaux, et d’autres, plus lointains, non identifiés, des bruits de la nuit. Est-ce bien la nuit d’ailleurs ? J’ouvre les yeux.Ouch ! Vif éblouissement, je les referme. Éblouissement d’une lampe de chevet allumée et, oui, nous sommes bien en pleine nuit. Où suis-je d’ailleurs ? Qu’est-ce que je fais là ? Non ! J’ai dit que je ne devais pas réfléchir ! Ne surtout pas repenser à tout cela, ou plus tard, quand je serai complètement reposé. Le toucher maintenant. L’aiguille de la perfusion est toujours plantée dans mon poignet droit. Je suis en caleçon et tee-shirt. Un pied froid est contre ma cheville gauche, mais je ne le repousse pas. Ma main gauche est entre ma cuisse nue et celle de cette femme dans mon lit. Je déplace doucement mon bras jusqu’à être en contact avec son genou enveloppé de jean’s, pose délicatement ...
... le bout de mes doigts puis remonte en effleurant très lentement sa cuisse. Nouveau tissu en contact avec mes doigts. Un tissu plus fin, plus lisse, plus soyeux. Je sens le jean’s en dessous alors que je remonte toujours aussi lentement le long de sa cuisse, je perçois le relief de broderies. Je me heurte maintenant au cuir d’une fine ceinture à travers sa robe. J’arrête là ma remontée, je sais que je serai en contact avec sa peau à travers le fin rempart de tissu, je ne veux pas toucher cette peau, pas comme ça, alors qu’elle est endormie. Je ne veux pas voler cette première caresse. J’ouvre une nouvelle fois les yeux, en détournant mon regard de la source lumineuse. Nouvel éblouissement, moins franc. Ma vue n’est pas nette. Je me redresse, reste assis sur mon lit, essaye de focaliser mon regard, n’y arrive pas. Tant pis. Je me penche pour atteindre l’interrupteur de la lampe, j’éteins. Soulagement pour mes yeux, épuisement pour le reste de mon corps. Je m’allonge à nouveau. Mes yeux toujours ouverts s’habituent peu à peu à la pénombre, je commence à percevoir des formes dans ma chambre. Un cadran lumineux m’informe qu’il est trois heures et demie du matin. J’ai envie de me mettre sur le côté et de finir ma nuit avec dans mes bras cette femme que j’aime. Mais non, la perfusion me retient de le faire, je ne sais pas s’il y a assez de longueur, j’ai peur de l’arracher pendant la nuit. Et puis, qu’est-ce qui me permet de prendre cette femme jusqu’alors inaccessible dans mes bras ...