1. Waterloo


    Datte: 22/12/2017, Catégories: nonéro, portrait, historique,

    « C’était un brave, personne ne l’était plus que lui ; mais c’était un fou ; il est mort sans emporter l’estime de personne. » Napoléon 1er, à propos du Maréchal Ney. *************** Il y a l’Histoire, et il y a la légende… Mais ce qui apparaît comme étant l’Histoire aux yeux du grand public n’est souvent qu’une légende nationale, écrite par les vainqueurs d’une époque et utilisée plus ou moins subtilement en fonction des besoins, des caprices et des envies des pouvoirs politiques qui se succèdent. Au fil des siècles, Michel Ney, maréchal de France, duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, fut le plus aimé des maréchaux d’empire, et le plus décrié. Héros de multiples batailles, sauveur des restes de la grande armée en Russie, on l’accusa pourtant d’être la cause de la défaite de Napoléon à Waterloo. Traître pour les royalistes, saint pour ses soldats, fou pour l’exilé de Sainte-Hélène, tous ceux qui le dépeignirent s’accordent pourtant à rester admiratifs devant la manière dont il mourut. Regardant bien en face le peloton d’exécution, il frappa sa poitrine en criant : « Soldats, droit au cœur ! C’est le cœur d’un brave ! » Les coups de feu retentirent, et il tomba… Son corps fut déposé dans un cercueil déjà prêt, et enterré au cimetière du Père Lachaise, où désormais chaque Français peut aller se recueillir sur sa tombe. Cela, c’est l’Histoire… à moins qu’il ne s’agisse de la légende nationale… À moins que la réalité soit tout à fait différente… À moins que… J’ignore si ...
    ... les faits relatés dans l’histoire qui va suivre sont exacts. Ce que je sais, c’est que les documents sur lesquels je me suis fondé pour la raconter existent réellement. Ensuite, le lecteur choisira sa vérité. À chacun la sienne. *************** — Peggy, apportez-moi le dossier Peter Stuart Ney s’il vous plaît.— Bien, Monsieur Pinkerton. Il est prêt depuis hier soir. J’ai classé tous les documents.— Merci, Peggy, vous êtes l’assistante la plus efficace que j’ai jamais eue.— Vous allez rédiger vos conclusions aujourd’hui ?— Je devrais…— Alors, quel est votre avis ?— Vous avez tout lu ?— Oui, Monsieur Pinkerton.— Et qu’en pensez-vous ?— Il y a tant de faits qui corroborent… J’ai bien envie d’y croire.— Croire ? C’est bon pour les baptistes, ça ! Mais notre travail, c’est de rechercher les preuves.— Disons qu’il y a là un faisceau de présomptions que l’on pourrait juger… assez fortes.— Oui, Peggy, beaucoup de présomptions ; mais pas de preuves formelles.— Comment les trouver, tant d’années après et en étant si loin des lieux ?— Je vais relire tout cela. Pièce par pièce. Et réfléchir… La secrétaire déposa trois énormes chemises pleines de documents sur le bureau du détective privé à la réputation légendaire. Allan Pinkerton se lissa la barbe un instant, en proie à une douce rêverie. Oui, tous les documents en sa possession allaient dans le même sens : l’homme dont on parlait était sans doute celui qu’il prétendait être. Mais alors, que de bouleversements cela allait créer ! Que ...
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