1. Waterloo


    Datte: 22/12/2017, Catégories: nonéro, portrait, historique,

    ... route enneigée un soir en rentrant chez lui, et de ne devoir la vie qu’au plus grand des hasards, un fermier passant par là l’ayant ramassé et couché dans son chariot malgré ses protestations : « Est-ce ainsi… que l’on traite… le duc d’Elchingen ? Soldat… me ferez huit jours, nom de Dieu ! » Tout le monde ignorait qui était le duc d’Elchingen, et ces propos émanaient d’un alcoolique : personne ne se pencha vraiment sur cette question. Bref, quelques mois après, Rowan en pleine effervescence souhaitait ériger une statue en l’honneur du maréchal Ney. On semblait se monter la tête avec tous les indices que l’on pouvait trouver. Peter était le nom américanisé du père de Michel Ney ; Stuart faisait référence aux origines écossaises de sa mère. Mais tout cela est encore trop peu pour le maire de la ville qui tentait malgré tout de garder la tête froide, et qui demanda à l’agence Pinkerton d’enquêter sur cette étrange affaire. *************** Allan Pinkerton se replongea alors dans les récits des témoins du premier acte de cette histoire : la bataille de Waterloo. Dans ses mémoires, l’empereur n’était pas tendre avec le « brave des braves ». Mais Pinkerton ne s’en laissait pas conter. Las Cases, entièrement dévoué à l’exilé de Sainte-Hélène, se contentait de reprendre les propos de l’empereur qui accusait ses hommes afin de justifier sa défaite. Ainsi, Ney était-il devenu responsable de la destruction de la cavalerie et le premier artisan de la déroute de Waterloo à cause de ses ...
    ... charges de cavalerie intempestives… C’était trop simple ; et cela ne résistait pas à la réalité des faits. Le premier, Ney n’aurait jamais dû être à la tête d’un si grand corps d’armée. C’était un remarquable tacticien, un formidable meneur d’hommes ; mais là étaient ses limites, et il le savait. Cette tâche aurait dû être confiée au maréchal Davout, que Napoléon avait laissé à Paris afin de surveiller Fouché, en qui il n’avait plus confiance. Le second, l’empereur était malade le jour de la bataille, et il allait dormir alors que Ney s’efforçait de gagner pour lui cette bataille décisive. Le troisième – le pire sans doute, qui accablait Napoléon – c’est qu’à 18 h 30, la ferme fortifiée de la Haie Sainte était prise : Ney avait réussi son pari. Il avait installé des pièces d’artillerie en direction de Wellington dont l’armée était en déroute. La victoire était là, à portée de main. Il suffisait d’un renfort d’infanterie que le prince de la Moskowa demanda à son maître qui répondit, agacé : « Des renforts ? Mais où veut-il donc que j’en trouve ! » Or, il restait la garde impériale : son engagement immédiat aurait mis Wellington à genoux. Mais Napoléon préféra attendre l’arrivée de Grouchy… Il eut Blücher, une heure après. C’est alors qu’il envoie les renforts demandés par Ney. Trop tard ; beaucoup trop tard : tout était perdu. L’Histoire, comme on dit, ne repasse pas les plats. Après la déroute, on accusa Ney d’avoir failli. L’empereur, ses fidèles, et les journaux aux ordres du ...