Dies illa
Datte: 23/12/2017,
Catégories:
f,
fh,
complexe,
vacances,
odeurs,
Oral
pénétratio,
mélo,
... transformée en baleine… Et pour expier cette pensée, je passai une heure à surveiller le riz au lait dont elle rêvait. — Poussez… Respirez ! Je subissais cette rengaine depuis ce qui me semblait une éternité. L’accouchement se révélait difficile, et la péridurale avait cessé de faire effet depuis une demi-heure déjà. Caroline serrait les dents, et j’essuyais avec régularité la sueur de son front, la laissant me broyer la main quand elle en ressentait le besoin. Mais je n’en pouvais plus, et l’infirmière s’en aperçut avant moi. — Allez donc boire quelque chose, ça ne sert à rien que vous vous épuisiez tous les deux. Et vous pourriez lui ramener un jus de fruits… Je ne me fis pas prier. Les gémissements de Caroline me poursuivaient dans les couloirs. J’optai pour un café bien fort, à la cafétéria de l’hôpital. Je pris le temps de le boire, puis j’en commandai un deuxième. Je ne me sentais pas le courage de remonter. — C’est dur, hein ? me lança le serveur. La familiarité me donna l’énergie qui me manquait. J’achetai une canette de jus de pomme, et passai par les escaliers. Arrivé à ...
... l’étage, la pression qui s’était légèrement relâchée revint en force. L’angoisse me serrait les tempes, me nouait l’estomac. L’odeur d’éther me retournait le cœur. Je parvins jusqu’à la porte de la salle d’accouchement. Caroline avait les jambes ouvertes sous le drap vert, ouverte comme lorsqu’elle s’offrait à la brutalité de mes mains. Et comme alors, son corps, aujourd’hui déformé par la grossesse, se cambrait comme pour s’exposer plus encore. Je laissai tomber la canette, je fis demi-tour. Mes jambes me conduisirent mécaniquement à notre appartement. Là, je préparai une valise sommaire. Pourtant peu à peu ma raison prenait le dessus. Je ne pouvais pas faire ça. Je ne pouvais pas laisser Caroline seule, avec un gosse. Je tremblais de plus en plus. Il fallait prendre une décision, vite. En allant vers la salle de bain je croisai le regard de plastique d’un lapin en peluche. Un cadeau de ma mère. Elle était si contente. À trois heures du matin, un coup de téléphone m’apprit de qui j’étais le père. À l’origine de ce texte, il y a une discussion avec Amanite. Bande originale : Le requiem de Mozart