1. Mon enfer (8)


    Datte: 28/12/2017, Catégories: Divers,

    ... assise seule dans cet endroit où la musique m’enivre quelque peu. Deux ou trois couples se sont réunis sur un parquet prévu pour la danse et mon Dieu, je me dis qu’après tout, on a qu’une vie. Je commence à tourner solitaire, sur un air envoutant. Mon corps se balance au rythme d’accords latino. Un type seul aussi vient se coller devant moi, espérance toute masculine dès qu’une femme est disponible à leurs yeux. Je lui tourne le dos volontairement et accoudée au zinc de la boite, la demoiselle aux longs cheveux me fixe. Ses yeux en amandes dont je ne distingue pas la couleur, ne me lâchent pas du regard. Dès que nos prunelles se croisent, elle me fait un large sourire. Je réponds timidement par une sorte de grimace, mais elle ne s’en offusque pas ou bien me juge-t-elle soumise aux caprices de la musique syncopée. Puis en tournant sur le parquet, je regarde mieux cette femme. Ses hanches sont fines, elle est élancée et mince pour ne pas dire maigre. Ses cheveux oscillent entre le brun et le noir sans que je sache vraiment à la lumière artificielle, définir vraiment sa couleur naturelle. Elle aussi me dévisage, impassible, comme attendant un geste, une invitation de ma part. Je ne sais pas ce qu’elle veut. Le type qui visiblement me drague ouvertement, revient à la charge. Collant le gaillard ! Et je me balance en cadence dans l’autre sens. J’ai quitté des yeux la femme aux cheveux dont la couleur m’échappe. Mais l’autre zèbre, ne me lâche plus. À nouveau il se dandine devant ...
    ... moi, et je fais un autre demi-tour, tout en m’éloignant de lui. Ce qui a pour effet de me rapprocher de la serveuse et du bar. Je stoppe mes déhanchements pour venir finalement m’asseoir sur un tabouret haut, près du comptoir. Elle passe derrière le zinc et vient à ma hauteur. Alors entre deux accords, elle se penche vers moi. — Vous voulez boire quelque chose ? Une autre vodka ? Le type a cessé également de tourner et comme un loup qui flaire une proie, il est là tout proche, à chercher comment engager la conversation. — Vous prendrez bien un verre avec moi ! — Bon ça va ! Tu vas laisser madame tranquille François ! Tu vois bien qu’elle veut être peinarde. — Alors, arrête d’insister lourdement… Puis revenant à ma hauteur. — Alors ce verre ? Je vous l’offre ? Maintenant que j’ai éconduit ce loustic qui court après tous les jupons qui passent sur notre piste de danse, vous prendrez bien un verre avec moi ! — Je… je ne sais pas vraiment si c’est raisonnable ! — Raisonnable ? Mais bon sang ! Nous n’aurons qu’une seule vie, alors autant la vivre du mieux possible ! Et puis zut après tout ! Laissez-vous tenter… Elle a déjà saisi le verre et la glace tinte au fond. Le liquide incolore qui coule dans celui-ci et vite marié à un jus d’orange. Elle pousse devant moi ce joli cocktail et s’en sert également un, d’une couleur étrangement bleutée. Nous trinquons toutes les deux et elle me déshabille littéralement du regard. Aucune gêne dans ces deux prunelles que je distingue mieux et dont ...
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