1. Réconfort & vieilles dentelles VII. La profiteuse (3)


    Datte: 02/01/2018, Catégories: Hétéro

    J’avais préparé un bon dîner, je ne suis pas rosse. Et je la vois manger de bon appétit. Je lui fais la réflexion : « - Eh bien, en tout cas on dirait que de te faire défoncer le cul t’a ouvert l’appétit. » Elle ne me répond pas tout de suite, mais me sourit, de ce sourire niais que je lui connais bien, et ses beaux yeux verts bronze sont aussi inexpressifs que de coutume. Elle finit par dire, de sa voix un peu geignarde : " - Je te savais pas aussi vulgaire... — Oh avec toi, pourquoi prendre des gants, ma chérie ? — J’aurais pas cru ça de toi. Toi qui avait l’air si prévenant, si doux... avec ta femme en tout cas... Enfin, même avec moi, tu avais de si bonnes manières... — Et pourquoi je devrais prendre des gants avec toi ? Tu t’es préoccupée de savoir comment j’allais depuis qu’elle est décédée ? Tu as envoyé une fleur, une petite carte quand c’est arrivé ? — Mais j’avais pas de carte bleue..." répond-telle avec cette voix aiguë crispante, énervante, qui me hérisse et me donne envie de lui balancer une paire de claques à la volée, cette façon de parler qui me fait dire qu’elle a oublié de grandir, qu’elle est restée bloquée à six ans et demi, question âge mental. Mais je garde mon flegme et lui balance juste, de la voix la plus froide que je peux : « - Envoyer une carte ça ne coûte pas plus de trois euros. Je peux comprendre que tu ne roules pas sur l’or, mais ça m’étonnerait que tu n’aies pas ça pour les autres. Surtout dans un cas pareil. Et de toute façon, » ...
    ... enchaîné-je, « les gens chez qui tu squattes d’habitude quand tu débarques en France ne sont pas certainement pas plus argentés que toi. Tu ne leur demandes pas s’ils ont les moyens de te nourrir pendant deux ou trois jour... — Pourquoi, tu veux que je te paie ma nourriture ? — Tu me paieras en nature, tu le sais bien. Mais reconnais : tu leur demandes à eux s’ils veulent que tu participes ? — Non. — Et tu leur apportes quelque chose, au moins... ? » Après un silence : « - Non. — Tu vois ? Qu’est-ce que je dis ? » Elle prend un air piteux, fait une grimace, la moue d’un enfant pris sur le fait. Puis elle me demande d’une petite voix aiguë : « - Tu aurais voulu que je t’apporte quelque chose...? — Tu m’as apporté ton corps, ça me suffit. Et je compte bien en profiter encore, crois moi » Le dîner tire à sa fin. Elle est enveloppée dans le peignoir que je lui ai prêté et je dois dire qu’il lui va bien. Nous discutons de tout et de rien, elle se révèle prolixe et me raconte par le menu et en détails sa vie à l’étranger. Evidemment avec elle, tout prend un tournant sinistre, à l’entendre il ne lui arrive jamais rien de bon comme si elle était marquée par le destin. Je me demande toujours si c’est parce qu’elle a un besoin permanent de se faire plaindre ou si elle voit toujours tout en noir. Je pense que c’est un peu les deux. Même quand elle n’a rien à reprocher à sa vie, elle n’est jamais contente, quand elle raconte sa life il y a toujours quelque chose qui va de travers. Je sais néanmoins ...
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