1. Mon enfer (2)


    Datte: 06/01/2018, Catégories: Divers,

    Retour manqué 2/6 Tous les essais ne se transforment pas ! Peut-on reconstruire sur un échec ? En rentrant dans cette chambre qui m’accueille, j’ai retrouvé l’air frais du soir. Personne ne peut comprendre sans l’avoir vécu, ce que peut représenter un souffle de vent dans la nuit qui coule sur une joue, ni ce bonheur de voir au loin des phares de voiture. Tout devient sujet à plaisir ! Je suppose aussi que les doses d’alcool que j’ai pris durant cette soirée sont aussi pour quelque chose dans cette euphorie qui m’étreint. Je savoure cette liberté toute neuve. Et en m’étendant sur le lit, dans le noir, je réalise que je viens de m’allonger sur un morceau de papier. Il est vrai que si ma chambre pour la nuit comporte un verrou, je n’ai pas de clé pour en interdire l’accès si je m’absente. Pur réflexe de taularde, je contrôle soudain, avant même de lire le billet, si tout est en ordre dans ma piaule. Apparemment, rien n’a été déplacé. Du reste certain pliage de mes fringues serait impossible à refaire, astuces de vieilles condamnées pour savoir si des fouilles de cellules ont eu lieu en notre absence. À la lumière de l’ampoule qui pend du plafond, je lis enfin le message. Votre avocat a appelé et désire vous parler. Rappelez le plus rapidement possible. La note est manuscrite et comporte seulement un tampon, celui du directeur de ce foyer. Je plie soigneusement mon courrier et le range dans une boite avec les rares lettres reçues pendant ma détention. Dire que mon baveux ne m’a ...
    ... plus écrit dès que ma maison a été vendue et qu’il a empoché son pognon, alors que me veut-il donc ? Je n’ai pas grand-chose à lui dire non plus. Je reste encore aujourd’hui persuadée qu’il m’a lui aussi jugée coupable lors du grand cirque qui a servi à la justice pour me condamner. Il peut donc attendre un peu. Cette première nuit me trouve tendue, et chaque heure qui s’affiche au cadran de ma montre me voit éveillée. Curieusement, je guette tous les bruits qui m’entourent, comme espérant que la ronde va passer. On ne sort pas indemne de ces nuits où vous êtes épiées toutes les heures. On s’habitue vraiment à ces petits détails, un rayon furtif de lumière qui vous rappelle que derrière la porte, une ombre anonyme vous observe, scrute parfois tous vos faits et gestes, même les plus anodins. Le sommeil devient plus léger, moins profond, juste une survie en quelque sorte. Les matonnes se défendent de faire du boucan bien entendu. Mais c’est dans nos caboches à nous, les enfermées que se joue cette trame si spéciale. Elle laisse aussi des traces indélébiles, au fur et à mesure des mois, puis des années. Tout comme les fouilles, les appels de six heures quarante-cinq. Mais au bout du compte, les fouilles autant corporelles que celles de notre espace de vie, toutes deviennent routine et se normalisent au fil du temps. Je m’aperçois cette nuit que ceci devrait encore me poursuivre un certain temps. Le simple réflexe de tenir une clé ou de jeter immédiatement un coup d’œil vers la ...
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