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Le Fauteuil : L'objet
Datte: 07/07/2017, Catégories: fh, bizarre, policier, fantastiqu, fantastiq,
... Serviable. Les personnes interrogées par la police n’ont pas tari d’éloge à son égard. oo00oo Un soir, alors qu’il finit de préparer les fiches de paie, Bernard voit entrer Julia dans le bureau de Thomas. Ils passent une vingtaine de minutes à discuter et quittent ensemble la boîte. Bernard ne peut pas s’empêcher de regarder par la fenêtre de son bureau qui donne sur le parking des employés. Julia monte dans la BMW flambant neuve de Thomas. Pourtant, Julia vient tous les matins en scooter. Il regarde alors à l’endroit où elle gare généralement son deux roues et le voit. Sur le coup, cela le fait sourire. Il faut bien que les jeunes s’amusent et Julia est une jolie brune aux yeux bleu marine qui ne laissent personne indifférent. S’il était plus jeune il aurait aimé, lui aussi, s’amuser avec Julia. Mais il pourrait être son père, presque son grand-père, vu les quarante années qui les séparent. Et il est aussi marié… Il pèse le pour et le contre. Il n’est pas du genre à porter des accusations contre un collègue, lui qui est délégué du personnel depuis près de trente ans et qui brandit des pancartes à chaque appel de son syndicat. Mais là, la coïncidence est trop troublante. Puis, arrive ce jour pluvieux dont il se souviendra toute sa vie, du moins jusqu’à ce que la maladie d’Alzheimer efface progressivement ses souvenirs quand il aura soixante et onze ans. Toute cette journée, la pluie fouette les grandes vitres des bureaux. Bernard se retrouve dans le parking avec Thomas, qui ...
... lui propose de le conduire jusqu’à sa voiture en l’abritant de la pluie avec son grand pébroc noir. L’occasion est trop bonne pour ne pas aborder le sujet ! Il n’y a personne et, même si des dizaines de gens se trouvaient à quelques mètres d’eux, la pluie battante aurait étouffé leur conversation. Jusqu’à sa voiture, il hésite à lui poser la question quand elle sort de sa bouche comme un bonjour ou un merci : — Tu étais avec Julia ?(silence…) La veille de sa disparition ? Un ange passe. Bernard interprète immédiatement ce silence comme de la culpabilité. Thomas feint d’abord d’avoir mal compris ce que Bernard vient de dire (Bernard en est convaincu comme deux et deux font quatre) : — Quoi ? Je… J’ai rien compris avec la pluie. Tu peux répéter ?— Le jour où Julia a disparu. Enfin la veille. Tu étais avec elle ?— Oui, répond Thomas en plantant ses yeux fatigués dans ceux de Bernard. Depuis quand n’a-t-il pas dormi ? Il prend de la coke peut-être. Il a entendu dire que beaucoup de jeunes cadres carburent à la poudreuse. Ses yeux noirs luisent. Un regard de psychopathe qui lui fout les jetons. Ne voulant rien laisser transparaître, il se rassérène et demande : — Et tu n’as aucune idée de l’endroit où elle aurait pu aller ?— Écoute, Bernard. Tu comprends bien que si j’avais été au courant de quoi que ce soit, j’en aurais fait part à la police quand ils sont venus nous interroger la semaine dernière. D’ailleurs je ne leur ai même pas dit que j’avais passé la veille de sa disparition ...