1. La Hase et le Rapace - 1


    Datte: 20/01/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    Le petit bistrot ne paie pas de mine. Propre et bien tenu par un patron aux yeux rigolards, c’est avant tout l’atmosphère qui y règne qui sort de l’ordinaire : ici, pas d’engueulade, pas d’agressivité, seuls les rires et les chansons sont tolérés. Quand vous y rentrez pour la première fois, c’est votre capacité d’adaptation, d’intégration, qui est jugée (le mot n’est pas trop fort). Si vous vous isolez, si vous ne participez pas d’une voix calme à la discussion en cours, pas la peine de revenir, vous n’aurez pas de seconde chance. Si, au contraire, vous vous glissez dans les conversations, nul ne vous en tiendra rigueur et vous verrez, comme par magie, une soucoupe emplie de tranches de saucisson et de tartinettes de rillettes, accompagner le verre suivant. C’est la preuve de l’adoubement, le sésame qui vous autorise à revenir… Le bruit des rires ; les échos des grandes claques dans le dos que se donnent les buveurs, joyeux de se retrouver « en famille » ; les apartés, souvent grivois, qu’échangent hommes et femmes ; tout cela ne dérange pas l’homme qui lit tranquillement un magazine, attablé dans l’angle du bistrot. Il a choisi cette place parce qu’un simple coup d’œil lui permet d’embrasser toute la salle. Personne ne l’interpelle, on sait qu’il est ainsi, qu’il a besoin de ce temps calme avant de se mêler aux autres. Il lit consciencieusement chaque article du magazine. Entre deux, il lève la tête. Que cherche-t-il ? Rien, selon toute apparence puisqu’il replonge ...
    ... aussitôt son nez dans sa lecture. Une fois, il se lève pour échanger son verre vide contre un plein. Il en profite pour saluer tous ceux qu’il n’a pas vus à son passage précédent : poignées de mains, embrassades puis… Elle entre. Elle entre et il sait aussitôt qu’il a trouvé sa proie pour cet après-midi. Il ne la regarde pas, il s’éloigne même et retourne à sa table. De ce poste de vigie, il peut sans se gêner, observer, de son regard d’aigle, la hase dont il dinera. Cela fait plusieurs fois qu’il la voit mais ne l’a jamais abordée. Ils ont échangé des regards brûlants, pas plus. Il est patient et sait attendre le moment opportun. Même s’il bande rien qu’à la regarder, même s’il sait que la culotte de la dame n’est pas sortie indemne de leurs croisements visuels, il patiente. Elle, de son côté, l’a repéré dès son entrée. Ce type la trouble. Elle sent la petite étincelle dans son ventre, elle mouille. Oh ! Pas beaucoup. Juste ce qu’il faut pour faire rosir ses joues… Elle a pourtant une bonne raison de venir ici. Une raison qui est à mille lieues de l’attraction qu’opèrent sur elle ce type solitaire et son regard de rapace. Pourtant, elle est nue sous sa robe, n’ayant, avant de venir, conservé comme dessous, que ses bas auto-fixant. Pas un instant, en se dirigeant vers le bar, elle n’a pensé à la salle qu’elle doit impérativement trouver pour samedi ; elle s’est imaginé comment elle se laisserait besogner par lui dans les toilettes du café. Mais maintenant qu’elle est là, il faut ...
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