1. Impossible rencontre


    Datte: 06/02/2018, Catégories: Collègues / Travail caférestau, nonéro, sf,

    ... nous. Le sol se transformait rapidement, des débris de rochers, de la terre argileuse et du limon apparaissaient sous nos pieds… Cet endroit faisait penser au lit d’un fleuve asséché. En levant les yeux, je vis se dresser une paroi de béton titanesque, à quelques centaines de mètres à peine de l’endroit où nous nous tenions. Je n’arrivais pas à le croire, nous avions été transportés à la vitesse de la pensée sur le site du barrage de la Narbada ! Et ce que je voyais s’élever majestueusement devant moi, ce n’était pas juste un vague début de chantier, mais bien l’ouvrage terminé, visiblement en exploitation… alors que venions de livrer les études techniques il y a quelques heures seulement ! Incroyable ! Nous devions nous trouver cinq ou six ans dans le futur, au moins, pour avoir le privilège d’admirer le barrage de la Narbada enfin construit… Mon compagnon barbu interrompit mes folles supputations. — Nous sommes précisément le dix-sept septembre deux mille treize, à neuf heure quarante. Et à présent, regarde bien le troisième contrefort, du côté droit.— Oui, et bien alors quoi ? Tout semble OK, non !— Tu as utilisé le bon terme. Ça « semble » normal. Mais ça ne l’est pas. Avant que je n’aie le temps d’objecter quoi que ce soit, un craquement sinistre se fit entendre. Incrédule, je vis soudain céder l’énorme contrefort de plusieurs milliers de tonnes, comme un vulgaire joujou écrabouillé par la main d’un géant. La paroi gigantesque du barrage se mit instantanément à se ...
    ... disloquer sous la pression des milliards de mètres cubes d’eau du lac de retenue. Un sifflement effroyable vint me déchirer les tympans : c’était l’air du canyon, brutalement chassé par la phénoménale masse liquide se propulsant à toute vitesse à travers la structure de béton en pleine désintégration… Une vague titanesque fonçait droit sur nous. Je levai les bras, futilement, comme si cela pouvait me protéger de cette véritable muraille liquide, haute comme un immeuble de quinze étages et jonchée de blocs de bétons de la taille d’un terrain de tennis. Il ne me restait que quelques fractions de secondes à vivre ; je fermai les yeux, songeant que j’allais être très bientôt désintégré par le monstre bouillonnant, aveugle et destructeur enfanté par le lac éventré. Mais rien ne vint. J’ouvris un œil, incrédule, et je compris alors pourquoi nous étions toujours en vie ; nous nous trouvions à présent sur un chemin de crête au sommet des gorges, surplombant le canyon où se déversait toujours, avec des grondements cataclysmiques, le lac artificiel. — Espèce d’enfoiré ! J’ai bien cru qu’on allait crever là… et j’ai failli me pisser dessus, tellement j’ai eu la trouille !— Tant mieux, comme ça tu ne risques pas d’oublier ce que tu viens de vivre ! Trente-cinq mille personnes périront dans cette catastrophe, si tu ne fais rien après être revenu à ton époque. Te voilà prévenu… oooOOOOOooo Je me réveillai en sursaut. Il faisait sombre dans le bureau à présent, et tout le monde semblait être ...
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