Impossible rencontre
Datte: 06/02/2018,
Catégories:
Collègues / Travail
caférestau,
nonéro,
sf,
... parti. J’avais une migraine pas possible, symptôme plus que classique d’un splendide début de gueule de bois. Dès que je pris conscience de mon retour dans mon environnement habituel, une question me tarauda l’esprit : est-ce que j’avais réellement assisté à ce terrible évènement, ou était-ce une sorte de « rêve éveillé », inspiré par l’abus de champagne ? Si tel était le cas, quelle hallucinante force de suggestion ! Je fermai les yeux et je vis à nouveau la vague monstrueuse fonçant sur moi ; cette vision était d’un tel réalisme que le doute ne me semblait pas permis. Tout ce que je venais de vivre était réellement arrivé ! Je pris le parti d’y croire, une bonne fois pour toutes. Encore hébété par les restes de ma cuite, j’allumai à tâtons et partis en direction des toilettes me passer la tête sous le robinet d’eau froide. J’avais vraiment besoin d’avoir les idées claires, pour faire face à ce qui m’attendait. Franck 2034 m’avait indiqué, en gros, l’erreur faite lors du bouclage trop précipité de notre projet, à l’origine de cette catastrophe sans précédent. Les calculs sur les contraintes de pression du contrefort numéro trois comportaient une subtile erreur, passée inaperçue dans l’ambiance électrique des derniers jours de ce véritable marathon. Le hasard fit que les deux ingénieurs chargés de la conception des structures de soutènement, aussi crevés que tout le reste de notre équipe, négligèrent de revérifier de façon croisée leurs calculs pour cette partie du barrage… ...
... Et une fois celui-ci construit, les éléments se chargèrent tranquillement de saper la structure par le bas, en quelques mois à peine. Ma mission était simple, en théorie. Retrouver la trace de l’équation bâclée puis alerter la direction de notre cabinet d’ingénierie pour qu’elle fasse remettre à jour les plans et les transmette à nouveau à notre commanditaire. Les dirigeants de laNational Hydropower Corporation, le client final en Inde, n’auraient même pas l’occasion de s’en apercevoir. Mais dans la pratique, ce n’était pas aussi évident… Je n’avais pas du tout participé à cette partie du projet, et les calculs concernant les contreforts ne m’étaient pas directement accessibles. L’autre grosse difficulté, c’était le temps nécessaire pour vérifier un à un tous les paramètres et les contraintes existants ; se lancer à la recherche de cette maudite erreur équivalait, avec mes maigres indices, à retrouver une aiguille à tâtons dans le noir ! Pour avoir une chance de réussir, il fallait donc que je persuade un de mes collègues ayant bossé sur le sujet de se pencher avec moi là-dessus. Restait encore à trouver des arguments tangibles pour le convaincre de m’aider ! Le découragement me submergea un moment, et je me dis qu’il me suffirait peut-être de contacter le patron, de lui expliquer ce qui allait se passer d’ici quelques années si on ne corrigeait pas le point faible sur les plans qu’on venait de livrer, et de le laisser s’en débrouiller. Mauvaise idée… Tu crois vraiment qu’il ...