1. Mon patron, cet abruti (3 / 7)


    Datte: 14/02/2018, Catégories: fh, Collègues / Travail hsoumis, champagne, nonéro, humour, hsoumisaf,

    ... vous montrer, mademoiselle, fait tout à coup une voix bien timbrée. Je retiens à grand-peine un cri de surprise : comment sait-il ? La voix se fait à nouveau entendre, bien plus ironique qu’agressive. — Je sais que vous êtes là, mademoiselle Saintjean. J’ai reconnu votre eau de toilette. Montrez-vous donc, vous valez bien mieux que la poussière qui a établi ses quartiers derrière les meubles. La voix d’Hubert Darville s’est faite douce, le ton badin. Je sais qu’il est parfaitement inutile de continuer à ignorer l’invite, alors, rouge comme un coquelicot, j’émerge de derrière le divan en m’époussetant les genoux. — Asseyez-vous donc, reprend-il en tapotant le cuir du canapé, près de lui. Prudente, je m’assois plutôt dans un fauteuil, sur un fauteuil devrais-je dire, car je me tiens tout au bord, crispée, le sac à main sur les genoux. — J’espère que je ne vous ai pas fait peur ?— Heu… je… non… Ma voix doit ressembler au chant d’amour des crapauds-buffles, alors je choisis de me taire. — Vous prendrez bien un peu de champagne, dit-il en débouchant la bouteille dans un léger chuintement que ne renierait pas un sommelier professionnel. Ce n’est pas vraiment une question. Plutôt une affirmation. La voix est chaude, sans agressivité, mais avec ce soupçon de fermeté qui laisse à entendre qu’il serait malpoli de ma part de refuser l’offre. Je hoche la tête, alors il sourit et remplit doucement deux flûtes. — Vous appréciez la maison, à ce que je vois.— Eh bien… Il sourit, et je ...
    ... prends le verre qu’il me tend. — Tenez, ironise-t-il. Le champagne dérouille les cordes vocales. « Il espère quand même pas que je vais lui chanter l’air des bijoux », me dis-je tout en portant la flûte à mes lèvres après l’avoir soulevée à son intention. — À la bonne vôtre, lance joyeusement Hubert Darville. Il se renverse contre les coussins, après avoir bu une bonne gorgée. — Que dites-vous de mon champagne, mademoiselle Saintjean ?— Excellent, dis-je sans mentir.— Merci. Est-ce pour le déguster que vous explorez mon grenier ? J’essaie de reprendre le contrôle de moi-même, et tente la boutade : — Habituellement, il vaut mieux visiter les caves, pour faire ce genre de trouvailles, monsieur.— C’est vrai. Il boit un peu, puis me regarde fixement. — C’est donc par la magie du hasard que vous avez trouvé mon salon privé. J’essaie de faire fonctionner à toute allure ma petite cervelle, mais c’est toujours dans ces moments-là que broute l’embrayage de mes neurones, et immanquablement mes pensées s’embrouillent. Ce hasard qu’il vient de me suggérer ne va pas tarder à avoir bon dos. Sans pitié pour mon soutien-gorge, je prends une bonne inspiration. — Oui, monsieur, je souffle.— La porte était ouverte ? La question est posée presque distraitement, mais je ne la sens pas innocente. — Ouverte ?— Elle n’était pas fermée à clé ?— … Non, monsieur. Je le vois froncer brièvement les sourcils, mais il reprend bien vite un air détaché. — J’aurai oublié de la fermer ! Le résultat est qu’à présent ...
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