1. La coiffeuse et le coiffé


    Datte: 19/02/2018, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    C'était la fin de sa journée de travail et Elodie commençait à avoir mal aux jambes, à force de rester debout. Elle venait de passer près d'une heure avec une matrone fortement exigeante sur sa coiffure. Celle-ci était en train de payer et s'apprêtait enfin s'en aller quand un homme fit son apparition pour se faire couper les cheveux. Emilie, sa jeune patronne, une brunette élégante de 35 ans aux longues jambes, étant occupée, il était pour elle. Tant mieux, se dit Elodie, les hommes sont moins exigeants que les femmes et ça me détendra. Celui-là, en plus, n'était pas mal du tout. La cinquantaine dynamique et mince, des cheveux poivre et sel lui tombant sur la nuque, un sourire sympathique, une barbe légère et des yeux verts qui transperçaient. Elle l'incita à venir au bac pour un shampooing. Pendant qu'il s'abandonnait à ses mains, l'homme savourait le moment toujours agréable du massage du cuir chevelu, les yeux clos. Elodie avait les doigts légers et l'homme, qui sortait lui aussi d'une journée de travail, se sentit soudain très détendu. Assis sur le fauteuil, la collerette autour du cou, il put enfin regarder la coiffeuse. Il la jaugea d'un regard : un visage rond, presque poupin, des yeux en amande tirant sur le gris, un sourire mutin, une ample chevelure qui devait lui demander beaucoup de soin, quelques rondeurs avenantes et question âge, la petite trentaine, peut-être moins. Pas un canon, certes, mais un physique agréable qui devait inspirer l'amour quelque part. ...
    ... Il décida de la draguer, ça l'occuperait et on ne sait jamais : les coiffeuses ne sont-elles pas réputées pour "coucher" facilement ? Sur fond de cliquetis de ciseaux, une discussion banale s'engagea. Coiffer, c'est parler. L'homme aima sa petite voix flûtée, entrecoupée de silences. Car Elodie ne faisait pas que parler : elle pensait aussi. Elle pensait à Jules, son copain, qui l'avait plaquée trois mois plus tôt pour une pétasse prénommée Julie, comme si l'association des deux prénoms les avaient incités à baiser ensemble. Elle avait pris un gros coup sur la cafetière au point de changer de domicile, de ne pas manger pendant une semaine (ce qui lui avait fait perdre ses kilos superflus, au moins elle avait gagné ça) et de se mettre en colocation avec Julien (décidément...), un copain qui ne risquait pas de lui faire de mal vu qu'il était homo. Cela tombait bien car elle avait besoin de faire le point avec les hommes. Pas envie de repartir sur une autre histoire. Jules avait réussi l'exploit de la dégoûter de la gent masculine, elle qui l'aimait tant. Emilie, en femme mariée et installée, avait bien essayé de lui présenter des potes à elle, mais elle n'avait pas donné suite. Sa libido s'était effondrée. Seulement, au bout de trois mois, avec le printemps qui commençait à éclater partout, un léger bouillonnement avait germé dans sa chair. Les accouplements bruyants de Julien avec ses conquêtes d'un soir étaient en train de réveiller ses désirs. Autant elle n'avait plus envie ...
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