1. La rouquine et l'avocat


    Datte: 27/02/2018, Catégories: ffh, fbi, frousses, rousseurs, forêt, voiture, Oral ecriv_f,

    Cela fait un moment que je vois qu’elle m’observe du coin de l’œil. Je suis assise à cette terrasse de café depuis moins d’une demi-heure ; je me fais chauffer au soleil en lapant une glace au pamplemousse. Entre deux coups de langue, j’ai remarqué cette jolie rousse sur le trottoir d’en face ; elle est assise sur un banc à l’arrêt d’autobus mais deux sont passés sans qu’elle esquisse le moindre geste pour y monter. Elle semble attendre autre chose. Le soleil printanier est agréable ; il fait bon, il y a une légère brise qui fait voler ses mèches rebelles, qu’elle repousse d’un geste mécanique. Qu’attend-elle ? Elle n’a même pas un livre ou un magazine pour se donner une contenance. Pas même l’incontournable téléphone portable qui donne l’illusion à chacun d’être indispensable. Je ne distingue pas bien ses traits ; juste cette flamboyante crinière. Les rousses m’ont toujours troublée. Elles ont quelque chose d’exceptionnel, de sauvage. De plus je trouve souvent les gens injustes et lapidaires avec elles ; il y a plein d’idées reçues… Moi je les trouve très sensuelles… Mais j’ai presque fini la deuxième boule ; j’essuie du bout de la langue la larmichette de glace qui a coulé sur mon menton dans ma manœuvre hasardeuse pour croquer le bout du cornet par-dessous. C’est alors qu’il débarque, serviette sous le bras, et toujours pantalon tip top aux plis impeccables. Il est pile à l’heure, c’est moi qui étais en avance. Il me prend en flagrant délit de gourmandise à me débattre ...
    ... avec ma crème glacée au menton…Cela me rappelle une certaine pub avec une belle bourgeoise contrainte, pour ne pas perdre une goutte d’un délicieux sorbet, de lécher le sexe d’un Apollon de marbre dans un jardin public, sous l’œil amusé d’un badaud… Mon avocat a son œil bleu allumé ; c’est son regard coquin des bons jours ; l’audience a dû se dérouler comme il le souhaitait. Nous avons pris rendez-vous dans ce café à la sortie du Palais ; il fait trop beau pour s’enfermer dans un bureau… Je surprends la rousse qui le détaille, lui, sous toutes les coutures. A mon tour, je le dévore des yeux. J’aime ses mains fines, son nœud… de cravate toujours légèrement de biais, ses jambes qu’il agite nerveusement sous la table et les fameuses Westons… Je croise son regard. Ça y est. Connexion. Nous pensons à la même chose qui est loin d’avoir un quelconque rapport avec mon dossier à présenter au juge des affaires matrimoniales… Le fameux JAM… comme confiture… hum… Oui nos pensées convergent (et quand je dis con – verge… ahum…) plutôt vers quelque chose de doux, de sucré, de légèrement collant… Comme la confiture… Pourquoi faut-il toujours que je me perde dans des digressions sans fin ?? Je me surprends à tenter un regard par-dessus la table pour chercher à apercevoir le haut de son pantalon et déduire son état d’excitation… Mais il est sauvé par les pinces et la coupe large… Il faudrait que je touche… Ce n’est pas l’envie qui m’en manque mais bon on est quand même dans un lieu public. ...
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