Peur et désir - Histoires de Sexe

Peur et désir

... serveur qui vient nous demander ce que nous comptons prendre comme dessert. Il nous propose la spécialité maison du jour : des fraises de la région accompagnées d’un sorbet citron et d’une pointe de vodka. Nous acceptons, et quelques instants plus tard nous pouvons déguster cet assortiment délicieux et frais. Étant à nouveau seuls et sans témoins, notre échange peut reprendre son cours. Après la confession de Bernadette, c’est à mon tour de me lancer dans les confidences. Je lui dévoile que je n’ai pas l’habitude d’avoir ce genre d’aventure avec des filles aussi jeunes que Mélanie, et que c’est même une première pour moi. J’ajoute aussi que je suis beaucoup plus à l’aise avec des quadras, des femmes qui ont un métier, des femmes qui ont des connaissances, des femmes qui savent ce que vivre veut dire. Bernadette, très stupéfaite, m’interrompt : — Des femmes comme moi ? Je réponds par l’affirmative, et elle poursuit : — Mais à mon âge on est souvent marié !— Marié, pacsé ou rien du tout… ou dans le péché, comme disait ma grand-mère.— Ce n’est pas ce que je veux dire, la plupart des femmes vivent avec quelqu’un, quelle qu’en soit la forme.— Oui et non, il y en a qui sont seules, d’autres qui sont séparées, et puis il y a toutes celles dont les conjoints ne leur accordent plus beaucoup d’attention… celles qu’on appelle les « délaissées » ou les « négligées ». Ces mots ne laissent pas Bernadette indifférente. Je constate qu’elle semble même à la limite de la gêne. Elle découvre ...

... soudainement que le jeune ingénieur que je suis, peut sortir sans problème avec des femmes de son âge qui se classifient elles-mêmes comme « délaissées » ou comme « négligées ». Elle me demande alors en cachant mal son émotion : — Et pour vous, concrètement, c’est quoi une « délaissée » ?— En étant très indulgent, c’est une femme dont le mari s’occupe moins d’une fois par semaine… et encore quand il a le temps et qu’il ne fait ni trop chaud, ni trop froid.— Et quand elles ont des enfants, comment vous faites ?— Il faut être discret… ou proposer des activités sympas aux enfants. Et j’ajoute aussitôt : — Être l’ami des enfants, c’est certainement le meilleur moyen de séduire la mère. Et je complète : — En donnant des coups de main en maths, en faisant des sorties et des visites intéressantes, mais surtout en les valorisant par rapport à leurs copains d’école. Bernadette est de plus en plus troublée ; elle en perd une partie de ses moyens. J’en profite pour enfoncer un peu plus le clou : — Puis-je vous faire une confidence à ce propos ?— Euh oui, bien sûr, me répond-elle après une certaine hésitation.— Eh bien, ces femmes « délaissées » sont souvent celles qui se débrouillent le mieux.— Vous voulez dire « au lit » ? me réplique-t-elle aussitôt.— Oui, je veux le dire. Dans une discussion comme celle-là, j’aime entrecouper l’échange de propos par des silences plus ou moins longs. Voyant que le trouble de Bernadette ne fait que croître, je décide d’en avoir le cœur net. Au point ...