Le cliché
Datte: 12/07/2017,
Catégories:
fh,
inconnu,
jardin,
volupté,
Oral
Je m’ennuyais ferme à cette soirée !!! Deux heures que je me baladais un verre à la main parmi les convives, captant ici et là des bribes de conversation d’une banalité affligeante. Pierre, notre hôte, s’était mis en quatre pour organiser cette réunion improbable qui devait réunir tous ses amis, eux-mêmes accompagnés d’amis. Cela faisait du monde ! et il n’était pas question de le laisser en plan ! L’amitié de 15 ans qui nous liait m’interdisait de partir. Je connaissais beaucoup de monde, j’aurais dû normalement me sentir à l’aise, voire m’amuser… Il n’en était rien, je me sentais mélancolique, je rendais des sourires polis aux bons mots des uns et des autres et évitais de m’engager trop longuement dans une conversation de convenance. Je n’étais pas d’humeur. Je me prénomme Matthieu, et, à aujourd’hui 35 ans, je me retrouve seul. Isabelle et moi avons partagé 8 ans de notre existence ensemble et avons donné naissance à un petit garçon qui va sur ses 3 ans. Comme beaucoup de pères, je ne profite de lui qu’un week-end sur deux et la moitié des vacances. Cela fait six mois que la séparation est consommée et que ma vie se réorganise peu à peu. Ce ne fut pas chose facile les premiers temps. Aujourd’hui encore, il m’arrive d’entrer dans des états de profonde apathie où rien ni personne ne saurait me tirer. C’était bien dans l’intention de me changer les idées que Pierre a souhaité organiser cette grande soirée qui se voulait festive. Les barbecues installés ici où là dans le ...
... vaste jardin dégageaient des parfums de vacances propices à la nonchalance, au laisser-aller. Un verre de rosé à la main, je déambulais sans but précis au milieu des invités, essayant de faire bonne figure. Malgré mes efforts, je n’arrivais pourtant pas à retenir mon attention bien longtemps… À un moment de la soirée, je décidai de me mettre un peu à l’écart et allai me réfugier à l’intérieur de la grande maison de Pierre et sa femme. Loin de la cohue, je me suis installé sur un canapé, l’esprit vide avec la ferme intention de piquer un petit somme que j’espérais réparateur. Il n’en fut rien. Un tableau de photos, comme on en retrouve souvent chez nos amis, attira tout de suite mon regard. Il présentait pêle-mêle une brochette de visages, certains datant même des années collège ! Et parmi ceux-là, pour la plupart familiers, il y en avait un qui accrochait mon regard. Il s’agissait d’un portrait de femme. L’instantanéité de l’appareil photo avait volé un regard profond, envoûtant. Les yeux clairs de cette femme me transperçaient et provoquaient en moi un trouble diffus que je serais incapable de retranscrire. Cela faisait déjà plusieurs minutes que j’observais cette photo lorsqu’une voix me tira subitement de mes rêveries. — C’était l’été dernier, en Corse. La femme qui m’avait fait voyager de longues minutes était là devant moi ! Je suis resté interdit face à ce visage qui présentait exactement le même regard que celui de la photo. — Pierre et moi avons passé l’été ensemble à ...