Sauter du phoque à l'âne - Histoires de Sexe

Sauter du phoque à l'âne

... m’enfonce jusqu’au torse dans l’eau chaude et parfumée. Mon collègue commence par se servir un verre de thé, puis un deuxième, me tournant le dos comme s’il hésitait à me rejoindre. Il finit quand même par se dénuder. Je comprends alors la raison de son hésitation. Une imposante érection orne son bas-ventre, d’autant plus inattendue que je n’ai ressenti aucune attitude équivoque de sa part jusqu’à maintenant. Une pensée inamicale s’impose à mon esprit « Bordel, c’est bien ma veine ! Dans quelle galère me suis-je mis ? ». Suivie immédiatement par une autre, plus modérée « On se calme, impossible qu’il bande à cause de moi, il doit y avoir une autre explication ! ». Dans le doute, j’attends qu’il réagisse. Se prépare-t-il à faire son coming-out (pitié, pourquoi à moi ?) ou est-il lui-même surpris par cette manifestation intempestive de virilité ? Il ne me laisse pas le temps de désamorcer la situation par une boutade. — Je suis désolé, ce n’est pas du tout ce que tu pourrais croire, je… je ne sais pas ce qui m’arrive, les herbes peut-être ! avoue-t-il d’un air dépité.— Mais je ne crois rien, dis-je sur un ton aussi léger que possible. D’ailleurs, ça ne me gêne absolument pas, on est tous faits au même moule.— Tu préfères qu’on sorte ? Je ne voudrais pas d’un malaise entre nous.— Malaise, ce n’est pas le mot, en tout cas pas en ce qui me concerne. De toute façon, c’est joué, alors autant assumer, répliqué-je de manière à lui laisser la porte entrouverte.— Qu’est-ce que tu veux ...

... dire ?— Je me fiche complètement de savoir si tu bandes comme un âne ou comme un phoque. Ce qui m’intéresse, en revanche, c’est qu’esthétiquement parlant ta queue est bien foutue, un vrai plaisir pour les yeux. Je comprends que les femmes aient envie d’y poser les doigts, voire plus si entente.— Attends, je t’assure, je ne suis vraiment pas comme ça, je n’ai jamais…— Ne panique pas ! Justement, s’il n’y a aucun trouble entre nous, pourquoi ne pas en profiter ? Même moi, qui ne suis pas non plus « comme ça », mais alors vraiment pas du tout, ben là, honnêtement, ça commencerait presque à me tenter. En disant cela, je nous vois entrer dans une spirale de non-dits et d’actes manqués dont nous ne sortirons pas sans dégâts. Mais je suis incapable d’inverser le cours des choses. Étrange d’ailleurs comme ce petit afflux de sang risque de tout changer entre nous. Qu’est-ce qui m’empêche de détourner simplement le regard et de faire comme si de rien n’était ? Est-ce la moite sensualité du lieu, un mystérieux effet des parfums, ou simplement la troublante incongruité de cette érection ? De toute façon, il est trop tard. Je ne peux plus refouler mon envie de toucher, de frôler, de… Pire, je sens que quelque chose se passe en moi, ou plutôt, que quelque chose ne se passe justement pas en moi. Une barrière reste dressée, qui aurait dû se baisser depuis longtemps pour me maintenir dans le droit chemin. Impuissant, sans protection contre une pulsion qui me dépasse, j’entends une petite voix ...