Angel' seven. II. Kim (4)
Datte: 14/07/2017,
Catégories:
Divers,
... En négatif elle croyait reconnaître à l’endroit de son image une image terrifiante : l’image d’une créature d’aspect maléfique au visage déformé par un sourire sardonique ! Elle ressentit comme un grand froid, comme si on avait ouvert la porte d’un congélateur sur elle, la température de la pièce semblant avoir baissé d’un seul coup. Elle se rassit, cliqua pour remettre la photo en positif, elle respira mieux, rassurée. Elle mit plusieurs minutes à se calmer et à retrouver son sang-froid. Alors, reprenant ses esprits, courageusement elle refit la manouvre inverse : ça n’était désormais que l’image en négatif de son portait photographique, bizarre – comme tous les négatifs – mais normal. Elle commençait à se demander si son esprit ne lui jouait pas des tours. Pourtant elle ne ressentait ces derniers temps aucune fatigue excessive, ne souffrait d’aucun manque de sommeil. Elle était dans sa réflexion quand elle entendit dans sa tête bien distinctement une voix masculine, claire et virile prononcer : « radine ! » Quelques secondes passèrent puis ça recommença, deux fois. Elle fut profondément troublée, repassa dans sa tête sa vie des derniers jours, avec honnêteté et de façon rationnelle. Il ne s’était rien passé de bouleversant, que de bonnes choses lui étaient arrivées, la vie lui souriait sans aucune ombre. Machinalement, elle tria la pile des magazines people qui se trouvait sur le fauteuil à côté d’elle, les feuilleta, et s’arrêta sur un fameux article qui relatait avec ...
... moquerie l’incident de leur départ de l’hôtel irlandais. « Kim Cardigan serait-elle vraiment avare ? Kim Cardigan et son mari, Steve Holms, ont refusé de payer la note d’hôtel de leur voyage de noces... » L’article les rhabillait pour l’hiver. Un de plus. Des jaloux, pensa-t-elle avec mépris et un effort de détachement. Un article parmi tant d’autres. C’est vrai qu’elle avait contrariée lorsqu’elle avait découvert l’entrefilet de constater que cet incident survenu en Irlande était relaté par les journaux, cherchant une fois de plus à ternir sa réputation. Mais rien de plus. Elle l’avait ensuite laissée dans un coin de sa mémoire, et oubliée. Du moins, ce qu’elle avait cru. Est-ce que cette contrariété trop vite refoulée ne remontait pas de son subconscient et ne l’envahissait pas de façon incontrôlée ? Au diable cette psychologie de bazar ! Elle avait toujours refusé de voir les psys, contrairement à sa mère qui avait squatté, à une certaine époque, tous les cabinets des psychanalystes en vogue. Se vautrer sur un divan. A moins que ce ne soit pour exhiber ses belles formes dans une pause lascive... Mais à un psy, dans l’intimité d’un cabinet feutré, sans caméra, sans photographe, quel intérêt ?! Et puis ces charlatans prenaient des honoraires démesurés, et pour faire quoi ? Elle allait très bien, n’avait pas souffert de son enfance. Elle était riche, célèbre, adulée, ne faisait que ce qu’elle voulait, elle la belle poupée brune qui aurait gagné tous les concours de beauté si sa ...