1. Une dernière photo pour la route (Épilogue)


    Datte: 10/04/2018, Catégories: fh, amour, mélo,

    Note de l’auteur Ce texte forme l’épilogue d’une série comptant six autres épisodes traversés par de nombreux personnages. Il ne prendra dès lors de sens que pour les lecteurs les ayant préalablement découverts.Premier épisode : «Mimosa » ;Deuxième épisode : «Jonas » ;Troisième épisode : «Transports routiers ».Quatrième épisode : «Conquêtes et Victoire ».Cinquième épisode : «Notre-Dame de la Virginité ».Sixième épisode : «We can be heroes ».En achevant cette série, je tiens à exprimer toute ma gratitude aux correcteurs de Revebebe, pour toute leur bienveillance et leur patience, en espérant ne pas les avoir trop agacés avec mes petites manies formelles et mes maladresses quand il s’agit de maîtriser des principes aussi simples que l’enregistrement d’un texte ou sa validation ;-) . Ils sont les vrais héros non chantés de ce site, et je tenais absolument à saluer leur travail, colossal et généreux. ~~oOo~~ Je m’appelle Robert Garassian, et je suis mort le 27 octobre 2018 à neuf heures quarante-quatre, au lieu-dit Les-Hauts-du-Bois. Vous ne me croyez pas ? Vous avez tort, vous ne trouverez pas de meilleur témoin. Laissez-moi vous décrire la scène, elle est parfaitement stupide. Au guidon de ma Norton, j’emprunte un des nombreux ronds-points de la nationale, à vitesse modérée. Je vois soudain surgir un gros 4x4 sur une des branches menant au sens giratoire. Ses vitres sont assombries, mais pas assez pour que je ne remarque la conductrice très agitée, l’oreille collée contre un ...
    ... de ces foutus téléphones portables. Mon instinct m’avertit : nos vecteurs respectifs sont alignés sur une trajectoire menant à la collision, et les lois de la cinétique rendent improbable son évitement. Le 4x4 brûle effectivement la priorité, fonce sur moi, taureau mécanique dans l’arène d’asphalte, mais mon réflexe ne suffit pas à empêcher l’encornement. Décharge d’adrénaline. Souffle coupé. C’est tellement rapide, tellement con, j’en rigolerais presque. Je me sens flotter dans l’air. Je ne revois pas ma vie en accéléré. J’ai en revanche la certitude d’avoir eu le temps de débiter la plus parfaite brochette de jurons de mon existence, maudissant le sort et recommandant à cette connasse les endroits les plus douloureux où ranger son terminal à caquetage. Un choc. C’est net. Le rideau de l’obturateur glisse sur ma vie, au millième de seconde. Aucune souffrance. Esthétiquement, c’est moins flatteur. Ma nuque s’est brisée sur le pilier d’une de ces merdes de statues kitsch dont toutes les autorités locales se croient l’obligation d’orner leurs innombrables carrousels à trafic routier. En l’occurrence, il s’agit ici d’une reproduction de dinosaure, en référence au parc d’attractions tout proche. Je ne doute pas que mes ennemis s’amuseront de l’image, en se réjouissant de l’extinction des gens de mon espèce. À tout prendre, j’aurais préféré le Capitaine Haddock, mille sabords ! Faut-il vraiment maintenir la mise au point sur cette scène de fait divers ? Je ne le pense pas. Les ...
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