1. Fées d'hiver


    Datte: 11/04/2018, Catégories: fh, extracon, inconnu, médical, vacances, Collègues / Travail échange, attache, conte, humour,

    ... bondi. La merveille ! Thierry au fond de moi, tout au fond !… Le bonheur suprême ! Vraiment, l’amour en plein ciel, je vous le recommande fermement. Pendant qu’elle parlait, un journaliste, responsable de la rubrique « Poésie sulfureuse et cryptogames phalloïdes » àL’Écho des Vallées Pubiennes s’est approché. Le subtil a compris qu’il s’était passé quelque chose. — Amanite, lui dis-je, Amanite, dévale la piste noire. Elle n’est fermée que pour les autres, je vais dire au pisteur de te laisser passer. À mi-pente, tu trouveras de quoi faire un article sublime. Observe bien les visages enchantés des deux intéressés, constate leur intime connexion, et n’hésite pas à écrire qu’ils sont morts dans la plus totale des poétiques béatitudes. Va ! À la mairie, je couche Sylvie sur la moquette et mes idées sur le papier. Après un passage obligé chez Ségo qui, en grognant, corrige une faute d’orthographe et supprime trois points de suspension, je frappe à la porte du bureau du sénateur maire, qui lit mon texte et me le rend avec un profond soupir en disant que j’ai de toute évidence besoin de repos. Mon papier, le voici. Il est possible de tirer profit de l’évènement. Je propose les actions suivantes : — Inhumer en grande pompe les deux amants dans un mausolée au bord de la piste. Je vous soumettrai un projet d’oraison funèbre, après avoir relu Jacques Bénigne Bossuet, l’aigle des mots.— Promettre que tous les couples dont l’union charnelle aura été constatée à l’issue de leur culbute ...
    ... bénéficieront de semblables obsèques, et lancer une intense campagne de publicité. « Précipitez-vous chez nous, où Eros et Tanathos sont enfin réunis ! Tombez amoureux ! Rompez avec la routine ! Jouissez à corps perdu ! Eclatez-vous ! »— À terme, l’alignement des mausolées ne manquera pas d’attirer un grand nombre de visiteurs, en été, à l’instar des Alyscamps ou de la Vallée des Rois. Plus de morte-saison pour notre station ! D’agréables bosquets abriteront les amours des promeneurs, notre future clientèle d’hiver.— Je réponds par avance à une éventuelle objection : une seule cabine sera susceptible de se détacher, en fonction de la vigueur de ses passagers, laquelle dépendra de toute évidence de la profondeur de leur amour. Ladite cabine portera un signe distinctif très visible, et un panneau annoncera : « Transports amoureux ! Réservée à celles et ceux qui veulent s’envoyer en l’air ! Bon dernier voyage ! » Mon texte était peut-être perfectible. J’ai une vision trop angélique de l’humain, et surtout du féminin. J’aurais peut-être mieux fait d’axer mon propos sur le fait qu’on pouvait, dans notre splendide station, se débarrasser à l’aise d’un mari trop jaloux, d’un amant fatigué, ou de toute autre personne encombrante. Ensuite, bel et bon avocat, l’assurance paierait. Indemnité de conséquence, limousines et palaces pour la madone des slaloms… J’avais en outre négligé un point important. En bas, sous la cabine ? Cette fois, l’homme d’âge respectable s’en était bien tiré. Le ...
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