La Croix
Datte: 22/04/2018,
Catégories:
fh,
amour,
volupté,
LA CROIX À l’époque de cette histoire, j’étais étudiant en dernière année de philosophie à l’université de Reims. Les années d’études sont propices aux rencontres. En particulier, les grandes universités sont des lieux uniques où se croisent des milliers de personnes avides de découvertes. L’ambiance des études, la jeunesse, tout cela provoque une activité intellectuelle et physique qui génère une atmosphère très particulière qu’il est bien difficile de retrouver ensuite sur le terrain professionnel, à moins de ne jamais quitter l’université et d’y enseigner à son tour. Nombres de mes amis avaient déjà fait plusieurs rencontres amoureuses. Quant à moi, mis à part quelques aventures sans lendemain, je dus attendre cette dernière année pour que cela m’arrive. Seulement, ce ne fut pas une femme que je rencontrai, mais deux, en l’espace de quelques semaines. Curieuse chose que cette double rencontre après toutes ces années à attendre ! Quoiqu’il en soit, cela allait modifier radicalement le cours de mon existence. Il ne restait plus beaucoup d’étudiants en philosophie pour préparer une thèse ou un DEA (diplôme d’études approfondies), aussi nous connaissions nous tous. Dans ces conditions, tout le monde remarqua, un matin de novembre, l’arrivée d’une nouvelle. Je me rappelle très bien la situation : j’étais en compagnie de Charles, mon vieux complice de toujours, et nous bavardions dans le petit amphi, à proximité de la porte d’entrée, en attendant le prof qui était en retard. ...
... D’autres étudiants étaient dispersés un peu partout. C’était assez calme, il était tôt et il faisait froid. La porte s’ouvrait régulièrement pour laisser place aux retardataires, et nous jetions brièvement un regard distrait vers celle-ci. Une jeune fille que nous ne connaissions pas fit son entrée, calmement, avec une sûreté qui démontrait qu’elle ne se trompait pas de salle. Charles, très social comme à son habitude, vint immédiatement à sa rencontre. — Bonjour et bienvenue, dit-il joyeusement. Vous venez renforcer nos rangs en philo ? L’inconnue le dévisagea sans sourire, mais sans hostilité non plus. — Je viens de la fac d’Amiens, dit-elle d’un ton courtois et posé. Et, comme si cette réponse terminait la conversation, elle se détourna et poursuivit sa route vers une table isolée et inoccupée. Tout surpris de ce contact, Charles me regarda et fit une grimace de dépit. Nous nous mîmes discrètement à pouffer de rire. — Pas bavarde ! dit-il.— Elle a le trac, elle est timide. Elle débarque…— Non, je ne pense pas, elle a l’air très sûre d’elle.— Tu crois ? Elle bluffe, non ?— En tout cas, elle n’a pas l’air d’avoir besoin de nous ! Je la regardai s’éloigner de dos, et je risquai cette remarque à Charles : — Elle a l’air un peu étrange, non ?— On ne dirait pas une étudiante… plutôt une institutrice d’une école catho, ou un Témoin de Jéhovah.— En tout cas, elle ne ressemble pas aux filles que l’on croise habituellement dans les facs. En formulant ces propos peu sympathiques, je me ...