1. Zéphyr


    Datte: 17/07/2017, Catégories: fh, frousses, inconnu, froid, fête, amour, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme noculotte, nopéné, tutu, conte, merveilleu, sorcelleri,

    Je dédie ce texte à Patrik et Ldcc, sans qui il n’aurait jamais vu le jour. Si je me souviens bien, c’était par une belle journée de fin octobre, ce que l’on nomme par chez nous une journée « d’été de la Saint Martin », cette période de l’année qui s’accrochait encore à l’été alors que nous approchions de l’hiver. Faisant fi du calendrier, toute la place baignait dans une lumière digne du plus beau des tableaux des peintres de la Renaissance. Un peu d’Italie qui descendrait l’Escaut. Les humains retrouvaient leurs réflexes ancestraux et se chauffaient tels des lézards, se prélassaient au soleil et emmagasinaient les calories en vue d’affronter les frimas, brouillards et crachins. Les hommes portaient encore chemises à manches courtes ou des tee-shirts. Notre astre diurne s’amusait avec les jupes légères des femmes, jouant avec les transparences, réconfortant le cœur des pauvres mâles que nous étions. Je me détendais à la terrasse d’un café, accompagné d’uneKwak ; des lunettes teintées me permettaient de reluquer en toute impunité les jolies promeneuses. C’est alors que tu m’es apparue, fière de tes trente printemps. Une courte robe soulignait tes courbes parfaites ; quelle en était la couleur ? Je ne m’en souviens plus. Je ne me souviens que de tes jambes longues à l’infini, de la façon que tu avais de toucher le sol de tes pieds délicats. Je me souviens aussi de tes cheveux d’ambre, de ton regard améthyste qui passa sur moi, indifférent ; pour toi, je ne semblais pas ...
    ... exister. Pour toi n’existait que le bellâtre qui t’accompagnait, qui se pavanait à tes côtés, fier comme un braconnier qui exhibe un trophée. Ce malotru ne te regardait pas : il observait les réactions des autres mâles, non pas heureux de se trouver près de toi, mais satisfait de rendre jaloux les autres individus de sexe masculin, mariés ou non ; jeunes, adolescents ou vieillards presque gâteux, tous te regardaient et l’enviaient. Sauf moi. Je le haïssais. Tu ne marchais pas : tu caressais les pavés de tes ballerines, tu flottais plus que tu ne te déplaçais, telle une déesse païenne des temps anciens, une déesse destinée à recevoir mes présents, mes prières. Je me voyais passer le reste de mes jours et de mes nuits à tes pieds et à te vénérer. Ton postérieur se balançait sous la fine étoffe et m’hypnotisait, tel le pendule de Foucault, défiant les lois de la physique quantique et de la médecine ; mon cœur donnait des signes de faiblesse, il semblait vouloir sortir de ma poitrine, hoqueter, battre avec frénésie ou s’arrêter définitivement. Je transpirais et grelottais ; il me fallait un défibrillateur, un médecin, une assistance respiratoire, un prêtre pour les derniers sacrements ! C’est alors que le vent se mêla de cette histoire. Non pas la bise ou la traverse, pas la burle ni le mistral, mais un léger vent fripon, un zéphyr coquin et doux, presque chaud ; un vent qui caressait plus qu’il ne soufflait. Éole venait à ma rescousse ! Le dieu des vents te vénérait lui aussi et venait ...
«1234»