1. Voiture 3, dans le sens de la marche


    Datte: 03/05/2018, Catégories: fh, hplusag, hotel, train, amour, revede, pénétratio, mélo, regrets,

    ... préférez ne rien dire je ne vous en voudrai pas.— Ça tient en peu de mots. J’ai vécu une grande passion qui s’est arrêtée à cause d’un camion.— Aie…— Ce sont des choses qui arrivent. Mais quand vous les vivez c’est terrible. J’ai tout perdu avec lui. Ma joie de vivre, mes projets, ma vie.— C’est affreux.— Je me suis mariée, moi aussi, avec un homme pour qui j’ai de l’affection et de l’amitié mais pas d’amour. Nous vivons, c’est tout.— Des enfants ?— Non. Je n’en ai pas voulu. Lui non plus. Nous sommes d’accord sur ce point. Nous vivons chaque jour en attendant le suivant. Il n’y a pas de place pour un enfant.— Vous êtes encore jeune. Vous aurez peut-être envie d’un changement plus tard…— J’ai 36 ans. Encore jeune ? Trop, oui. Par moments, je voudrais être vieille, me dire que je n’ai plus que quelques jours à vivre avant de rejoindre mon amour de jeunesse au paradis.— Je pensais ma vie sans joie. La vôtre me semble bien pire. Mais si je peux me permettre, je ne suis pas persuadé que votre amour de jeunesse aurait voulu que vous le pleuriez pour le restant de vos jours. Il aurait peut-être voulu que vous soyez heureuse sans lui.— C’est ce que je me dis souvent, mais le temps a passé et je dois reconnaitre que peut-être, je me complais ainsi.— Ne soyez pas trop dure avec vous-même. Nous ne sommes que de faibles humains.— Faibles ? Je vous ai vu à l’œuvre avec ces voyous. Vous êtes fort, très fort.— Vous êtes gentille, mais je n’ai aucun mérite croyez-moi. Ernesto a pris ...
    ... délicatement ma main, d’un geste amical et plein de tendresse. Sa chaleur m’a envahie, provoquant en moi un trouble inattendu. Je me suis écartée, gênée par ce soudain empressement. Pourtant j’aurais voulu qu’il garde ma main dans la sienne, sentir sa peau contre la mienne, lui que je ne connaissais pas et qui pourtant venait de se dévoiler et de me permettre de dire ce que j’avais sur le cœur. Il ne s’est pas offusqué, s’attendant sans doute à ma réaction. Il a posé ses mains sur ses genoux, me regardant tendrement. Nous sommes restés silencieux, ne sachant que faire l’un et l’autre. Le plus gêné des deux se devait de prendre l’initiative, et ce fût moi. Il fallait que je me rendre au travail. Sans le vouloir je suis devenue glaciale en lui signifiant que je devais partir. En vérité je devais m’échapper, m’éloigner de lui, fuir, en ne voulant pas savoir ce que je fuyais réellement. Il est resté doux et calme devant mon changement d’humeur et m’a tendu sa main en guise d’au-revoir. Je n’ai pas pu m’empêcher de me retourner alors que j’étais à quelques dizaines de mètres. Il n’avait pas bougé, sa tristesse était visible même de loin, j’ai eu mal pour lui. Mal pour moi aussi. Voiture 3, le lendemain matin, après une nuit agitée, je me demandais si je le reverrais. Il aurait pu prendre la rame suivante après-tout. Mais non. Il est monté comme la veille. J’avais un peu peur de ce contact matinal, de l’embarras qu’il allait immanquablement susciter. À tort. Il s’est avancé vers moi en me ...
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