Cinéma - Histoires de Sexe

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La Quiétude, une maison de retraite comme tant d’autres, ni meilleure, ni pire… Assis en cercle sur la terrasse face aux champs verdissants, quelques seniors discutent, profitant du timide soleil de ce début de printemps. — Eh bien, Charles, c’est à ton tour de nous raconter une petite histoire croustillante du temps de ta belle jeunesse ; enfin, de l’époque où tu pouvais encore marcher sur tes deux jambes sans aide !— Tu es sûr que c’est mon tour, Henri ?— J’en suis sûr et certain ! Tout le monde y a été de sa petite histoire, sauf toi !— Ah… tout le monde ?— Oui, tout le monde, sauf toi ! Donc on t’écoute ! Et ponds-nous quelque chose de bien, un beau souvenir, un truc que tu as vraiment vécu, et n’en rajoute pas trop pour l’enjoliver…— Soit… Les hommes se calent dans leur fauteuil et attendent la suite. Charles, l’ancien comptable est un homme assez secret, et mis à part Jean-Jacques qui le connaît un peu depuis l’adolescence, personne ne sait grand-chose de lui. Calé dans son fauteuil de jardin, le narrateur se racle la gorge puis se lance dans son souvenir, le formulant au présent comme pour mieux le vivre à nouveau : — Ah oui, c’est vrai, tu étais un cinéphile acharné au lycée, je me souviens !— Ne me coupe pas, s’il te plaît, Jean-Jacques…— Excuse-moi… — Une grande femme pulpeuse à longs cheveux ? C’était assez rare à notre époque : les femmes avaient presque toutes une coupe courte !— Hélas, hélas ! Et je ne te parle même pas de celles qui avaient la coupe ...

... militaire, voire la boule à zéro !— Bon, vous-deux ! Je peux continuer ?— Oui, oui, vas-y !— Oui, vas-y, pour une fois que tu nous racontes quelque chose ! — Toi ? Une intuition ? C’est la première ! Tu es froid comme un iceberg ; non, non, mieux : comme une calculatrice. Tu n’as pas été comptable toute ta vie pour rien !— Si tu me coupes la chique toutes les deux minutes, je vais finir par ne rien raconter !— OK, OK, on t’écoute, toi et ta subite intuition ! — La tentation ? Voyez-vous ça ! Notre Charles aurait un petit cœur de communiant caché sous sa carapace d’homme à chiffres ? Ouh, la vilaine tentatrice en rouge et noir qui menace la place au paradis de notre Bienheureux Charles !— Henri, si tu veux raconter mon histoire à ma place, ne te gêne pas !Le film qui commence nous plonge dans le noir. Les scènes s’enchaînent, moins passionnantes les unes que les autres. Soudain, je sens le regard de l’inconnue sur moi… Illusion ? Réalité ? Je ne sais pas…Le temps passe. Parfois, je me retourne pour la regarder ; son spectacle est plus intéressant que ce film sur grand écran. Je suis de plus en plus attiré par elle. Ne maîtrisant plus rien, je décide de jouer mon va-tout : je quitte alors ma place et, silencieusement, je remonte à pas de loup la salle pour venir m’asseoir juste à côté d’elle, à sa droite. À présent, l’objet de mon tourment est assis entre son mari (ou compagnon) et moi. Elle ne dit rien, ne fait rien, sauf regarder l’écran face à elle. D’interminables longues minutes ...