1. Une folie


    Datte: 09/05/2018, Catégories: f, fh, volupté, cérébral, revede, pénétratio, conte, portrait,

    ... se plaisait à le dire lorsqu’il parlait d’Alex à Jacqueline - du genre bien enveloppé mais pas gros, se voulant désinvolte mais en réalité parfaitement balourd, audacieux et franc mais finalement assez pleutre, philosophe bien sûr ! débitant un nombre considérable de mot clefs et de poncifs… bref, cet Alex, l’image rêvée du second rôle qui accompagne sans ciller les terribles drames du héros dans les séries télévisées américaines… Alex donc, avait renversé, au cours d’une conversation forcément passionnante, son café sur l’un de ses souliers. Le droit, pour tout dire, ce qui est notable pour un droitier. Le vendredi fut donc consacré à cet événement notoire – le droit pour un droitier - et Jean-Pierre avait fini on ne peut mieux la semaine. Le samedi soir, comme de coutume, il engagea le geste protocolaire qui devait déclencher la réaction en chaîne. Depuis 15 ans. « Non, pas ce soir, je t’en prie… » Ces mots eurent sur Jean-Pierre un effet surprenant : il se demanda bien sûr, dans un premier temps, s’il existait des raisons objectives pour enfreindre, deux fois de suite, presque quinze ans de consensus vertueux, totalement partagé. Mais il ne trouva rien. Alors, chose extravagante chez lui, il conclut en philosophe aguerri que la vie se devait d’offrir des évènements singuliers et incompréhensibles à l’Homme. La semaine qui suivit fut exceptionnellement monotone. Rien, pas même un évènement du type « Voilà un retard de cinq minutes, Mademoiselle ! » ou bien « Désolé, ...
    ... Monsieur, mon enfant a été malade » ne vint troubler la douce quiétude du bureau. Pourtant, Jean-Pierre se sentait un peu plus nerveux qu’à l’accoutumée. Peut-être était-ce dû à la météo qu’il écoutait religieusement tous les jours ? Ou bien à la livraison, mardi soir, du nouveau canapé pour le salon ? Il y avait chez Jean-Pierre comme une sorte d’irritabilité : le samedi, les courses du matin l’avaient laissé indifférent, et le sport de l’après-midi l’avait presque ennuyé. Le soir venu, Jean-Pierre fut contraint d’accepter un troisième refus. Il regarda Jacqueline un court moment avec autant d’étonnement que d’incompréhension. Que pouvait-il bien en être ? Pourquoi ? À ces questions, Jean-Pierre ne parvenait à trouver aucune réponse Il éprouvait un sentiment de vide, ce vide si pratique pour ne pas penser. Résigné, noyé dans le vide, il se tourna sur le côté ; sa main percuta un objet dur, long et chaud qu’il n’eut pas de difficulté à identifier et il eut honte de son état. Jean-Pierre ne passa pas une bonne nuit. La dimanche fut difficile pour Jean-Pierre. Les questions sans réponse de la veille le tourmentaient. Il fallait en convenir, il n’était pas serein ce dimanche. Après bien des hésitations, il se résolut – dès le lundi - à exposer le problème, de manière anonyme bien sûr, à la seule personne qu’il tutoyait quotidiennement : Alex. Son lundi fut donc consacré à la réussite de son délicat projet. Vers l’heure du repas, après bien des tergiversations, il parvint enfin à parler ...
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