Clotaire et Pierre - Deuxième épisode
Datte: 25/05/2018,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
... attendu commença. Pour la première fois de sa vie, Pierre était absolument heureux d’entrer dans une bibliothèque. Mais les livres n’avaient pas le moindre mérite. Il allait se sentir défaillir quand il voyait, assis sur une chaise, les bras tous deux posés avec rigueur sur une petite table pour deux, celui qui, la veille au soir, lui avait permis d’atteindre le septième ciel. Clotaire portait une chemise noire assortie d’un pantalon de la même couleur. Ses yeux sombres semblaient ne pas quitter l’un des six livres qui se trouvait à sa proximité, sur la table. Sa concentration pouvait se traduire par ses lèvres fermées et son attitude d’intellectuel qui n’était légèrement troublée que lorsque sa main droite perdit contact avec la table pour caresser, brièvement, ses cheveux, avant de poursuivre sa lecture, ce qui pouvait faire fondre un glacier tout entier. S’étant éclipsé l’espace d’un instant pour le mater depuis un rayon, Pierre s’avança finalement vers la table où se trouvait son amant puis s’assied à ses cotés pour lui glisser, sans prévenir, à l’oreille, un mot doux. « J’ai vraiment adoré, hier soir, je n’arrête pas d’y penser tellement c’était génial » lui confia, sourire en coin, le jeune homme qui attendait désormais la réaction de son condisciple. Ce dernier, après quelques secondes, se tourna vers lui pour le regarder fixement, de ses yeux noirs, sans exprimer la moindre émotion, la moindre réaction, au plus grand étonnement de Pierre, qui en venait à se demander ...
... si son collègue n’était pas devenu sourd pendant la nuit. Le visage de Clotaire ne changea pas d’un iota lorsqu’il regardait son compagnon, qui ressentait un choc absolument terrible en découvrant le comportement impassible de celui qui, la veille encore, s’était donné à lui. « Pour les régimes à comparer, j’ai choisi le Royaume-Uni, la France et l’Italie. Je pense que ce sont trois exemples parfaits pour un sujet comme le nôtre ». C’est tout ce que Clotaire, plus froid que jamais, avait trouvé à dire. Pierre n’en revenait toujours pas. S’il en avait eu la force, il n’aurait certainement pas hésité à gifler son camarade tout en lui reprochant les pires vices. Mais il savait qu’il n’en serait pas capable. Il aurait donné n’importe quoi pour tenter de comprendre ce qu’il s’était passé, mais plus rien ne semblait désormais lui importer. Il devait s’y résoudre : ce n’était qu’un coup d’un soir, rien de plus. Cette relation n’avait pas d’avenir mais ce n’était pas cela le plus dur pour lui : il allait devoir travailler avec Clotaire chaque jour pour leur exposé, sans se faire à l’idée que la flemme qui les avait animés s’était éteinte une fois pour toutes. Sans difficulté, Clotaire dominait la séance de travail. Pierre était absolument incapable de sortir un mot. Lorsque Clotaire l’interrogeait pour lui demander son consentement ou son avis, il avait toutes les peines du monde à trouver la force pour acquiescer légèrement de la tête. C’était un interminable supplice. Tout n’était ...