1. Clotaire et Pierre - Deuxième épisode


    Datte: 25/05/2018, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... plus que travail et le ton monocorde de Clotaire était là pour le rappeler si, d’aventure, Pierre était tenté de croire que ce n’était qu’une mauvaise plaisanterie. L’après-midi allait être très longue… Il est dix-huit heures lorsque, enfin, Clotaire se lève pour prendre la parole sans qu’il n’y ait lien avec leur exposé. Enfin, plus ou moins… « J’ai réservé auprès du secrétariat une petite salle de travail pour qu’on puisse travailler plus facilement, en discutant de vive voix parce que c’est vrai que la B.U. n’est pas vraiment le meilleur endroit pour cela. Par contre, il faudrait qu’on se dépêche d’y aller parce qu’on en dispose pour une seule heure » expliquait, tel un enseignant à son élève, le jeune prodige d’un ton tout aussi froid qui figeait Pierre de stupeur. Il lui fallait un incroyable surpassement de ses forces pour se lever et suivre Clotaire de la bibliothèque à ladite salle réservée par les soins de celui qui ne pouvait plus être qu’un éphémère amant. Finalement, Pierre se disait qu’il était même préférable de s’arrêter pour aujourd’hui tant la situation lui paraissait délétère, pour ne pas dire insupportable. Il y eut même un moment où il suffisait de peu de choses pour que les larmes finissent par couler sur ses joues tant il était à mille lieues d’avoir prévu un après-midi si ennuyeux à mourir et, pour tout dire, triste à souhait. Malgré tout ses efforts, il peinait à cacher son malaise mais Clotaire, volontairement ou non, ne semblait pas en prendre ...
    ... conscience, poursuivant son chemin jusqu’à la petite salle qu’ils devaient occuper pour une heure, sans afficher la moindre émotion, qu’elle traduise une lassitude, une colère ou une tristesse. Pour le demi-soulagement de Pierre, après six bonnes minutes de marche parfaitement silencieuse dans les couloirs de la faculté de droit, les deux jeunes hommes arrivaient devant la porte de la salle d’étude. Clotaire en détenait la clé, que lui avait confiée l’un de leurs professeurs ; en un quart de tour, il était entré le premier, suivi de Pierre auquel il avait demandé de fermer la porte ce à quoi celui-ci n’a rien répondu, préférant refouler sa colère qui allait exploser sur-le-champ. Soudain, après qu’il ait fermée la porte, sans qu’il ne s’y attende, Pierre était projeté contre elle par Clotaire, qui lui avait imposé, quasiment de force, un intense et langoureux baiser qui lui a certainement évité une algarade dont il se serait souvenu. Pierre, qui s’abandonnait entièrement à on amant, ne comprenait rien à la situation : depuis plus de quatre heures, celui-ci l’avait remarquablement ignoré, avec un dédain qu’il n’avait jamais vu jusqu’à présent ; et là, Clotaire venait de lui faire comprendre, visiblement, qu’il cherchait à se faire pardonner à tout prix. Cet intense baiser dura longtemps, très longtemps… Sans doute, plusieurs minutes. Clotaire mettait tellement de cœur à l’ouvrage que Pierre aurait tout donné pour que cela ne se termine jamais. Aussi incroyable que cela puisse ...
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