1. Sous le choc


    Datte: 28/05/2018, Catégories: fh, Collègues / Travail

    Le jour se lève, timide dans une lueur blanchâtre. Je charge mon matos pour me rendre sur mon chantier du jour : un muret en pierres sèches qu’il faut remonter dans un jardin. C’est un travail pas déplaisant, mais qui nécessite de porter beaucoup de poids. Je m’apprête donc à déguster tout au long de la journée. Quand les heures s’accumulent, le corps finit par s’anesthésier. La fatigue alors envahit même le cerveau. Je n’en suis pas encore là et d’un geste enthousiaste, le dernier outil valdingue dans le coffre du fourgon. En route vers de nouvelles aventures, radio en marche, bonne humeur de rigueur, me voilà parti pour une journée de travail. Arrivé devant la résidence secondaire de madame Bérangère, je constate que les volets sont clos. Personne ne semble encore réveillé. Il est pourtant 8 h passées, une heure raisonnable pour se présenter devant ma cliente. Pour lui laisser un peu de temps, je commence à installer mon chantier. Passé une demi-heure, toujours pas de mouvement. Il va falloir que je me décide malgré mon caractère timide à signaler ma présence. « Toc toc ». Je finis par toquer à sa porte. Toujours rien. Je retoque, pas un bruit puis une voix ensommeillée me répond de loin. Bon. Patience. Attendre que tout ce petit monde se réveille et je m’y remets. Des pas se rapprochent, la porte s’entrouvre. Emportée par son élan et le battant de la porte, madame Bérangère s’immobilise à deux centimètres à peine de ma tenue de travail. J’ai peur de la gêner avec mes mains ...
    ... pleines de terre et mes chaussures lourdes de glaise. Pas le temps de me poser plus de questions. Tout en me serrant la main, ma cliente avec un franc sourire m’invite à rentrer. — Excusez-moi pour ma tenue, mais je profitais de mon premier jour de vacances pour traîner un peu au lit, dit-elle emmitouflée dans un grand peignoir blanc. Quant à moi, les yeux rivés sur mes chaussures, je suis de plus en plus mal à l’aise. J’ai peur d’avoir commis un impair en ayant toqué. — Je voulais juste vous prévenir, madame Bérangère, que j’étais dans votre jardin. Que vous ne soyez pas surprise. Je m’attarde pas plus. Le travail m’attend.— Mais vous ne me gênez pas du tout, Éric, me rétorque-t-elle. Si ça vous tente, je me prends vite une douche et je vous sers un petit café pour vous mettre en forme.— OK, mais je veux vraiment pas déranger.— Mais non, mais non, Éric, pas de gêne entre nous. Allez, à tout de suite. Décidément, je me conduis toujours comme un attardé dès qu’une femme montre un tant soit peu d’intérêt pour mon travail ou ma personne. C’est le cas encore ce matin. Blonde, fine, pétillante et surprenante, elle est plutôt d’une compagnie charmante, cette madame Bérangère. Elle m’a toujours déstabilisé, intimidé. Pourtant ce matin, je sens bien qu’il y a autre chose en plus qui me chiffonne. Pour la première fois, je ne la vois plus tout à fait comme une cliente, mais comme une femme. La quarantaine épanouie comme ses seins. L’allure dynamique et volontaire comme ses tétons que ...
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