Une histoire simple
Datte: 22/07/2017,
Catégories:
fh,
Oral
Elle rêve, bouche bée. Ses lèvres entrouvertes exhalent une légère vapeur qui virevolte un instant avant de disparaître. Je suis seul à la terrasse de ce café, un stylo à la main, un carnet devant moi, un peu hypnotisé par le tee-shirt rouge qu’estampent ses tétons tendus. Mon regard vagabonde de ce torse excité à cette bouche alanguie. Du pouce, elle tripote l’écran de son smartphone. Moi, je ne sais choisir le destin du stylo : la dessiner, l’écrire ? Contourner de ma pointe le galbe de ce sein dont le coton suit la gracieuse courbe. Faire danser les noms, les verbes, les adjectifs autour de cet ovale de ses lèvres et du bout de sa langue qui parfois s’aventure brièvement au soleil. Finalement mon stylo s’adonne à la reproduction des formes de son corps. Œil lascif, bouche voluptueuse, seins dénudés et ventre plat extrapolés. Soudain, la voilà qui violemment assène à la table un coup de téléphone et laisse l’objet pour mort au pied de son verre vide. Je lève les yeux, elle me regarde bouche close, lèvres serrées, l’œil mauvais. M’aurait-elle deviné ? S’offusquerait-elle des esquisses que ma plume gribouille ? À tout hasard, sans me décontenancer, je lève mon verre vide et propose : — Je vous en offre un autre ? Volte-face, elle sourit et accepte. Je commande et souris. Elle excuse son geste : — On me pose un lapin.— Prenons soin de la petite bête ensemble, si vous voulez, dis-je stupidement. Son rire est moins crispé. — Qu’est-ce que vous écrivez ?— Oh, je n’écrivais pas. ...
... Et là, deux solutions : mentir et tout cacher, avouer et tout casser. Il n’y a pas encore grand-chose à casser de cette histoire. — Je dessinais vos yeux. Je montre le carnet. — Et pas seulement mes yeux… murmure-t-elle émue de se voir ainsi dénudée.— Mais depuis tout à l’heure vos seins me font de l’œil !— Et ma bouche ? murmure-t-elle derechef, le regard fixé sur les esquisses.— Ne dirait-on pas qu’elle attend un baiser ? Et son regard, enfin, amusé, plein d’interrogations, remonte jusqu’au mien. Ici un résumé pour ne pas te faire perdre ton temps, lecteur lubrique : nous échangeons des morceaux choisis de nos curriculum vitae, nous parlons de tout, nous parlons de rien, sans équivoque, pendant un temps certain. Le soleil ayant laissé place à la faim, je lui propose de poursuivre à la table d’un restaurant. Elle hésite, bouche bée. J’en profite pour butiner un peu ses lèvres. Ça la convainc. Enfin c’est comme cela que j’interprète la venue de sa langue qui dessine de tendres volutes contre la mienne. Je passe mon bras autour de ses épaules pour la guider jusqu’au restaurant. Ils ne servent pas de lapin. Salle discrète, tranquille, lumière tamisée. Long baiser avant d’entrer. Apéritif. Pendant tout le dîner nous nous caressons pudiquement, nous nous embrassons discrètement, nous poursuivons des conversations sur tout, sur rien, non sans maints sous-entendus. La suite s’annonce érotique. À la fin du repas je me pose la question cruciale : chez elle ou chez moi ? Mais, avant ...