Une histoire simple
Datte: 22/07/2017,
Catégories:
fh,
Oral
... que je ne la formule, elle pose sa main sur ma cuisse, et dans la conversation cette réplique sans appel : — On y va, j’habite tout près. Chemin tranquille, bras dessus, bras dessous. Pour atteindre son sixième étage, ascenseur très étroit et très lent. Sa tête sur mon épaule, mes doigts sur son postérieur ganté de jean, globes ronds et charnus séparés par un long sillon vertical propice à cacher quelques rendez-vous avec le bonheur. Soupirs. Ah, plaisir, quand tu t’annonces… Ô correcteurs intègres, tant de phrases sans verbe, oui j’en prends la licence et continue ici cette petite histoire simple. Avant cette interruption, l’ascenseur s’apprêtait à accoster au sixième étage et je me réjouissais par avance de la débauche sexuelle à laquelle ma partenaire semblait prête à se laisser aller. Je reprends. Pendant qu’elle ouvre la porte j’adopte une pose distinguée, calme, respectueuse, loin de l’impétueux désir qui bouillonne en moi et m’aurait naturellement incité à me conduire comme quelque animal en rut. Grand bien m’en prend ; à peine la porte s’ouvre-t-elle qu’apparaît une superbe rousse à la tignasse de lionne, longiligne, gracieuse, mais qui jette sur moi un regard surpris et méprisant, — Tiens te v’là, b’soir.— Ma coloc, me dit ma récente conquête en m’entraînant vers sa chambre alors que la rouquemoute gagne la sienne à l’autre bout de l’appartement. Elle m’a glacé. La chambre heureusement présente tout le confort, des WC au frigo, du cabinet de toilette à la ...
... machine à café. Le nécessaire pour ne pas sortir de tout le week-end et risquer de croiser encore la lionne aux yeux verts. Sitôt la porte fermée, nous nous enlaçons avec une sorte d’urgence, nous débarrassant mutuellement de nos vêtements comme s’ils étaient envahis par de terribles fourmis rouges à la brûlure mortelle. Nos désirs trop longtemps contenus s’expriment soudain avec violence. La découverte de nos nudités, le contact de nos peaux, les parfums capiteux de nos désirs qui se mêlent ramènent un peu de calme. Seules nos lèvres et nos langues s’agitent encore un peu vivement les unes contre les autres. Silence, caresses, gestes lents, mes mains à la rencontre du modèle des esquisses de naguère. Je ne me suis pas trompé sur ces seins en inventant leurs courbes ; entre mes doigts, ce galbe-ci est bien celui-là. « Le modèle est l’émotion que la main éprouve dans la caresse. » a dit Rodin. Son buste a la sensualité d’un Rodin. Elle s’allonge. Je reste debout à regarder son corps alangui. À faire mentalement le dessin de son anatomie. Elle a les yeux clos. Elle attend, sereine, la caresse de ma bouche, le ruissellement de ma langue sur sa peau, la chaleur de mon torse sur son torse, et mon corps abandonné à ses bras. Elle m’attend. Je l’espère et j’ai plaisir à prolonger ce temps suspendu. Elle ouvre les yeux. Nous nous regardons, immobiles. Elle étendue. Moi debout. Chacun discerne le désir de l’autre. Il enfle et déborde, comme la houle enfle et submerge le quai aux marées ...