1. La timide libraire


    Datte: 19/06/2017, Catégories: f, h, magasin, revede, ffontaine, Masturbation Oral fsodo, init,

    « Sera-t-il encore là aujourd’hui ? » Depuis un mois, elle l’attend comme presque tous les jours. À la sortie de son travail, il passe par la librairie, cet élégant jeune homme. Presque tous les jours. Presque… Alors elle l’attend ; elle l’espère… tous les jours. Il entre, timidement, comme dans un magasin de porcelaines. Sa grande silhouette longiligne se faufile entre les étals de livres. Il semble en prendre un au hasard, lit la quatrième de couverture, ouvre et lit quelques pages au hasard. Il entrouvre plus qu’il n’ouvre ces livres, avec précaution. Et puis il le repose, en choisit un autre, revient au premier, relit un passage au hasard, le repose… et ressort. Il n’a jamais rien acheté… mais est toujours revenu. Alors elle l’attend. Elle aime bien attendre. Depuis toute petite, elle aime cette incertitude de l’espoir et de l’attente. Avec lui, elle est entrée dans l’espérance. C’est encore plus fort. Elle sait qu’il va revenir. Mais quand ? Alors à chaque tintement de cette horrible clochette accrochée en haut de la porte, elle se contient pour ne pas précipiter son regard et son désir de lui vers cette porte. Déjà du désir. Très confus. Pourquoi lui ? Parce qu’il est particulier, comme sorti d’un roman. Presque tous les jours, il entre dans cette librairie, feuillette, lit, repose, refeuillete, relit… et ressort. Elle aime cette horloge qui égrène les heures qui le ramènent à elle. Toujours la même heure… ou presque. Alors elle l’attend. Pour quoi faire ? L’observer ...
    ... encore du coin de l’œil ? Pour le voir encore entrer, tourner et repartir ? « Il faudrait lui parler. » Mais elle ne sait pas bien parler. Surtout aux garçons. C’est pour ça qu’elle lit. Beaucoup. C’est tellement facile dans les livres. Les héros savent toujours quoi dire. Mais elle, elle ne sait pas bien parler. Surtout aux garçons. Alors elle tourne en rond dans sa librairie, entre toutes ces histoires… « Il faudrait lui parler. Mais de quoi donc ? De livres, pardi ! » Oui, c’est ça. Elle va lui parler de littérature. C’est une bonne idée pour une libraire timide. Elle va lui parler de livres. Mais pas de ceux qu’elle aime. Elle n’oserait pas. Elle lui parlera d’actualité littéraire. C’est moins personnel. Les livres qu’elle aime ne sont pas dans la vitrine. Ils sont au fond du magasin. Dans une petite étagère. Quelques grands auteurs, d’autres moins, avec tous en point commun de parler d’amour. Pas des romans à l’eau de rose ; des romans à l’eau de vie. Elle est comme ça, notre libraire : elle vit dans des livres pour se protéger de la vie. Elle les as tous lus, les classiques et les modernes. Elle a rougi de honte et de plaisir. Elle a joui aussi. Car elle aime jouir, notre libraire. Mais sans bruit. À peine son souffle qui s’accélère et ses doigts qui se crispent. Après, elle referme le livre et le remet dans la petite étagère, tout au fond du magasin. Le livre porte son parfum. Celui de ses doigts, celui de sa jouissance. Alors quand un lecteur ou une lectrice lui achète ...
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