Ombres et lumières - Histoires de Sexe

Ombres et lumières

... puis-je t’offrir en contrepartie, demande-t-elle en venant poser sa main contre mon ventre. À cet instant, je remarque un petit graffiti, placé discrètement au coin supérieur droit de la porte de la chapelle. Il est tellement peu à sa place à cet endroit que je ne peux m’empêcher de délaisser la jeune femme pour l’examiner en détail. C’est de l’arabe, et si mes souvenirs de cette langue sont bons, cela signifieTiffelent, ou quelque chose du genre. Étonné par cette découverte, je me retourne. La guide a repris son rangement de la chapelle, comme si de rien n’était. — Tu as vu ce que j’ai vu ?— Ouais, c’est pas nouveau, qu’est-ce qui t’excite ?— Attends, tu trouves normal de voir une inscription en arabe dans une chapelle sur le chemin de Compostelle ?— Historiquement, ça tient debout, ils étaient chez eux en Espagne aux débuts du pèlerinage. P’têt qu’ils sont en train de remonter vers le nord…— Arrête, veux-tu. Tu en sais plus que tu ne veux bien le dire, non ? D’ailleurs, Tiffelent, n’est-ce pas le nom que t’a lancé un des deux types avant de s’éjecter ? À nouveau, l’éclat de son visage change du tout au tout. Mais cette fois, elle contient sa colère, et prend le temps de me mettre en garde. — Ne touche pas à cette histoire ! Tiffelent, c’est une pute maghrébine qui circule sur le Chemin (3). Aucune idée comment, mais tous les mecs semblent savoir qu’elle pratique dans certaines chapelles. Précisément celles marquées de ce graffiti. J’ai jamais vu ce qui s’y passait, mais ...

... ça ne doit pas être triste, ils ne parlent que de ça. Dès qu’ils voient le logo, ils deviennent comme fous, à vouloir visiter le moindre petit oratoire dès la nuit tombée, dans l’espoir de profiter de ses services. Maintenant si ça te branche, va te soulager avec elle, je t’aurai averti.— Et Marine dans cette histoire ?— Je ne sais rien de sûr, mais il n’est pas impossible qu’elles aient joué à quatre mains, si tu veux tout savoir. C’est en tout cas ce que j’ai entendu récemment. Désolée, mauvaise pioche, s’exclame-t-elle en quittant la chapelle sans même se retourner. Le léger signe du bras qu’elle me fait en s’éloignant sur le sentier du village ne suffit pas à me consoler. Le volcan s’est éteint aussi brutalement qu’il était entré en éruption, Marine fait le tapin dans des chapelles minables avec une copine arabe, et moi, comme un nase, je cours après elle, que je continue à croire sanctifiée et admirable parmi toutes les femmes. Pour couronner le tout, je réalise que cette chapelle est précisément celle mentionnée sur la carte par Évelyne, sans que j’y découvre quoi que ce soit de cohérent. Rien ne m’est épargné. J’ai soudain envie de tout envoyer paître, et de prendre le prochain train pour rentrer chez moi. Ce qui m’arrive ne ressemble à rien. À quoi puis-je encore me raccrocher ? Une toute petite voix se glisse heureusement sous mon crâne endolori. Qui dit que ce qu’on a découvert au fond du ventre d’une femme qui s’est offerte amoureusement recèle toujours une part de ...