1. Le Réveil


    Datte: 13/07/2018, Catégories: fh, extracon, copains, hdomine, vengeance, Oral

    « Le fantasme est-il nécessairement fait de choses encore inconnues, ou bien se situe-t-il aussi dans le passé, rempli de sensations malheureusement perdues ? » M.G. ~~oooOooo~~ Ce matin-là, quelqu’un frappa à la porte. Il devait être dans les dix heures du matin car mon mari était parti depuis un bon moment au travail et que j’avais encore largement le temps avant mon service de l’après-midi. Bref, une heure creuse. Un peu déconcertée par cette visite impromptue, j’allai ouvrir en me demandant de qui il pouvait bien s’agir. Le battant s’ouvrit sur un homme de couleur de près d’un mètre quatre-vingt-dix ; il me dominait d’une bonne tête. Rasé à l’exception des sourcils, il lança un sourire qui m’indiqua de suite qu’il ne s’était pas trompé d’adresse. Je devais effectivement être la personne qu’il recherchait. — Bonjour, puis-je vous aider ? demandai-je d’un ton surpris.— Madame Weil ?— Madame Serra désormais. Weil était mon nom de jeune fille. Il accueillit avec ravissement la confirmation, comme si mon nom lui rappelait quelque pâtisserie. — Nathalie, c’est moi, tu ne me reconnais pas ? À dessein, mon visiteur attendit, immobile tel un roc, que je fusse en mesure de le reconnaître. Son aplomb attestait de sa certitude que nous avions un passé commun. Ce qui, je dus bien l’admettre, me soulagea ; ce personnage coloré m’avait rendue méfiante quand j’avais ouvert. Non pas que j’étais raciste, mais les seuls Noirs qui frappaient à ma porte sans vraiment être attendus étaient ...
    ... en général des vendeurs au porte-à-porte que je détestais par-dessus tout. Mon appartement constituait un petit coin privé pour mon mari et moi, et personne n’aurait dû avoir le droit de nous déranger sans notre consentement préalable. Je n’étais pas asociale, mais je tenais chèrement à l’intimité de mon chez-moi. J’essayai donc de me remémorer ces pommettes hautes, ce menton bien dessiné et cette silhouette élégamment proportionnée. L’intelligence dans les prunelles paraissait caractéristique du personnage malgré sa large stature. Pour dénigrer un autre préjugé, je n’associais pas tous les sportifs à des imbéciles ; en général on se souvient d’eux pour leur physique. Du moins quand on est une jeune femme libérée. Dans un certain style, cet homme m’évoquait Michael Jordan. Pas le ballon à la main en train de virevolter dans les airs à l’assaut du panier adverse, mais plutôt le garçon cultivé et charmant qui portait le costume lors des séances d’interview sur les plateaux télévisés. L’attitude, en plus des performances de cet athlète hors normes, en faisait le seul que j’avais admiré. Le sport ne fut jamais une de mes passions ; ma taille restait fine sans m’y adonner. Le monsieur qui se tenait debout devant moi possédait le même charisme bien que les fringues décontractées, qu’il arborait pourtant avec fierté, gâchaient un peu l’illusion. Composée d’un pantalon large en toile, boutonné et zippé, accompagné d’un tee-shirt moulant, sa tenue avait toutefois le mérite de vanter ...
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