1. La question technique


    Datte: 30/07/2018, Catégories: fh, nonéro, articles,

    La question des centimètres pèse sur les jeunes gens comme une authentique fatalité. Le doute affreux d’une capacité moindre ou compromise, allant jusqu’à la crainte du ridicule, s’y projette sur l’avenir existentiel. La question des centimètres est une angoisse qui saisit peu ou prou tout garçon pubère, c’est donc à tort qu’on la moque, voire qu’on la tourne en dérision au nom du fait que les femmes s’en fichent éperdument. C’est du moins ce qu’elles clament haut et fort. Faut-il les croire ? Sont-elles sincères ou une prudence atavique ne les engage-t-elle pas à rassurer les petits et les sans-grade dont l’une ou l’autre aura de toute façon besoin, tôt ou tard ? Wilfried sait désormais que la compétence sexuelle est ailleurs et que la joie du couple, même fugace, ainsi que son entente reposent sur bien d’autres facteurs. Il pense aussi qu’il y a beaucoup de vrai dans le dédain des femmes, il les croit donc à moitié et même davantage. Mais allez expliquer ça à un gosse de 14 ans qui s’examine avec une intense perplexité, dans le secret de sa solitude ! Sans avoir bénéficié, lors de sa création, des largesses dont s’avantage une part – difficile à évaluer – de petits veinards au sein de la population masculine, et sans parler du splendide outillage scandaleusement dévolu à une odieuse petite troupe d’élus, Wilfried n’a jamais été trop inquiet. Il s’est posé en temps voulu la question de confiance, comme tous les autres, il a bien pensé ne pas vraiment s’extraire de ...
    ... l’ordinaire, mais vu les dimensions plus qu’honnêtes de l’objet, il n’a jamais douté que l’essentiel fût assuré et même davantage ; si quelque chose ne marchait pas, ça ne viendrait pas de là. L’inquiétude se reporta donc sur la question technique. Elle se posa d’elle-même, quasi instantanément. À la première tentative il était tout à fait justifié de ne s’occuper que de soi, toutefois la chose se pratiquant à deux et dans le partage, la masturbation dans un vagin ne pouvait demeurer longtemps pardonnable. Mais comment fallait-il donc être, que fallait-il donc faire pour que les choses se passassent bien, autrement dit, pour que les choses fussent bien faites ? Grands dieux, de quoi parlait-on au juste ? D’une tâche à accomplir ? d’un travail ? d’un métier ? d’un art ? de recettes de cuisine ? Certes pas, mais le présupposé était fort proche et Wilfried inscrivit immédiatement la problématique de l’acte d’amour, non dans l’Amour, non dans son propre plaisir qui ne lui posait aucun problème, mais dans le plaisir de l’autre, ressortant d’un univers complexe, déconcertant même, où il circulait sans carte ni boussole parmi des organes inconnus, visibles, invisibles, cachés, purement fonctionnels ou censés être dévolus au plaisir. La pudeur féminine ajouta à sa confusion. Car il s’aperçut vite qu’il était infiniment plus facile pour une fille de le saisir, de le placer correctement et de l’introduire en elle, que de replier ses cuisses en les écartant et d’ouvrir son sexe afin qu’il puisse ...
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