Vraimodo
Datte: 01/08/2018,
Catégories:
fh,
amour,
... chacune la robe de concert contre un ensemble veste-pantalon… J’attends que les gens qui bavardent avec elles se lassent quelque peu, mais se lasser de ces deux jeunes femmes pétries de talent peut prendre un certain temps. Je patiente encore, car il reste une douzaine d’admirateurs autour d’elles, au pied de la scène, et c’est trop, beaucoup trop pour moi. Brigitte m’aperçoit, fronce les sourcils, puis détourne le regard et reprend sa conversation, mais je vois qu’elle jette de temps à autre un coup d’œil dans ma direction. Yolande papote aussi, et son maintien est surprenant, mais somme toute logique pour une personne privée d’un de ses sens : les autres prennent le relais, tentent de compenser. Yolande semble très calme, bouge très peu, ne fait que des gestes très rares, levant par exemple la main pour toucher le bras ou l’épaule d’un de ses interlocuteurs, inclinant la tête d’un côté ou de l’autre. Son visage est presque figé, mais je la vois sourire de temps à autre. Lorsqu’il ne reste plus qu’une poignée de gens, je me prépare à m’avancer vers elles, mais elles se dirigent vers la sortie de la salle, entourées par les quelques personnes restantes. « Des proches », me dis-je immédiatement, alors que Brigitte tourne à nouveau la tête dans ma direction. Soudain, elle jette quelques mots à l’oreille de sa sœur et vient vers moi à pas rapides. — Bonsoir, dit-elle à voix basse. Je ne m’attendais pas à vous voir ici. Vous êtes donc mélomane ? Je tente de sourire, mais c’est ...
... difficile, car je ne la sens pas très aimable. Je lui réponds à voix basse également, sans doute par un involontaire souci d’imitation. — Oui… enfin, pas spécialement… mais c’était un vrai plaisir de vous entendre.— Ça vous a plu ?— Beaucoup. Tous mes compliments…— Merci. Je vois qu’elle n’a pas le temps de me parler. Les autres s’éloignent déjà vers la sortie, et il lui tarde sans doute de les rejoindre. — Excusez-moi, dit-elle. On m’attend… Elle pivote pour s’en aller. — Merci d’être venu, ajoute-t-elle. Au moment où elle s’éloigne avec un petit geste de la main, je dis à voix haute : — Tout le plaisir était pour moi. J’espère avoir encore le plaisir d’assister à un de vos concerts. Je me sens immédiatement embarrassé, car tous les autres se sont arrêtés près de la sortie en entendant ma voix. Je ne voulais pas me faire remarquer, mais les mots m’ont échappé comme ça parce que la jeune femme partait tellement vite, et que je me demandais si j’aurais le plaisir de la revoir un jour. Je reste immobile, sentant les regards se poser sur moi, et c’est Brigitte qui fait un geste, invitant les autres à sortir. Déjà, les gens se détournent : je ne suis de toute façon pas un spectacle à contempler longuement ! Yolande ne fait pourtant pas mine de sortir. Elle retient sa sœur par le bras, et je les vois qui parlent à voix basse. Manifestement, Brigitte a hâte de partir, mais Yolande ne l’entend pas de cette oreille. Elle s’est figée, tournée vers la salle, alors je balaie mes dernières ...