1. Vraimodo


    Datte: 01/08/2018, Catégories: fh, amour,

    ... hésitations et je me dirige vers les musiciennes et leurs accompagnants, juste au moment elles se détachent du petit groupe pour venir vers moi. — Bonsoir, dis-je. Toutes me félicitations. C’était… c’était très beau.— Merci beaucoup, répond Yolande. C’est vraiment très gentil d’être venu nous écouter. Je suis confuse, j’allais partir sans vous remercier. Je fais d’abord un geste, comme pour signifier que ça n’a pas d’importance, mais j’enchaîne aussitôt de la voix, conscient que mes mimiques n’ont aucune signification pour une aveugle. — Ce n’est rien, dis-je. Elle sourit, lève la main et la pose sur mon bras, sans la moindre hésitation, comme si elle disposait d’instruments lui permettant de voir sans l’aide des yeux. — Brigitte ne m’avait pas dit que vous étiez là, mais j’ai reconnu votre voix.— Ma voix ?— Bien sûr. Ça vous étonne ?— Heu ! Un peu, oui… Ma voix n’a rien de particulier. Yolande sourit à nouveau, et je sens ses doigts qui serrent mon bras. — Vous croyez cela, mais pour moi, les voix ont beaucoup d’importance.— Oui… je comprends. Brigitte s’impatiente. — Yolande… On nous attend.— Oh ! ce n’est pas à deux minutes, tu sais !— Je ne veux pas vous retenir, dis-je d’un ton d’excuse.— Ne vous en faites pas, répond gentiment Yolande.— Je voulais juste savoir si… si j’aurais encore le plaisir de vous entendre jouer.— Pourquoi pas ? Nous jouons à l’hôtel de ville, dans la grande salle, le mois prochain. Si vous allez par là un de ces jours, vous trouverez les affiches, ...
    ... Brigitte m’a dit qu’on les avait mises ce vendredi.— J’irai.— J’en serai ravie. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’elle enlève la main de mon bras, et après m’avoir souhaité une bonne soirée, s’éloigne finalement, entraînée par sa sœur. Je reste là quelques secondes, puis je quitte le « foyer culturel ». En passant dans le hall d’entrée, je perçois le brouhaha qui s’échappe par la porte ouverte de la buvette. Très peu pour moi. Je préfère boire seul. ***** Le concert dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville se révèle tout aussi enchanteur. Brigitte et Yolande interprètent les mêmes œuvres que lors du récital de la semaine précédente, y ajoutant en rappel quelques danses issues du folklore russe, morceaux que je ne connais pas, mais que Brigitte annonce à un auditoire tombé complètement sous le charme des deux merveilleuses musiciennes. Lorsqu’elles se mêlent au public, dans la salle, je reste à nouveau à l’écart, me contentant d’observer discrètement les gens qui entourent les sœurs Marquet et les noient sous les éloges. Yolande semble nerveuse, inquiète, se penchant fréquemment vers Brigitte pour lui parler, causant – j’en ai l’impression – une certaine irritation chez celle-ci. Il me semble être la cause de cette nervosité, car à chaque fois Brigitte me jette des regards furtifs mais presque courroucés, style : « t’es encore là, toi ? ». Je me décide à m’approcher, et lance gentiment mes félicitations aux artistes. La jeune femme aveugle me sourit, alors que sa sœur remercie ...
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