Vraimodo
Datte: 01/08/2018,
Catégories:
fh,
amour,
... feuillet ? J’entre, allume la lumière et examine l’objet. Alors qu’à première vue la page est vierge de toute écriture, j’y remarque soudain des points, sur l’épaisseur du papier. Des points ? Je passe les doigts par-dessus, mais c’est à peine si je les sens. Je n’ai pas la finesse de toucher d’un malvoyant, moi ! Yolande a dû glisser le « cadeau » dans ma poche, et je ne me suis aperçu de rien. Comment a-t-elle réussi ce tour de passe-passe ? En me souhaitant le bonsoir, assurément, car à ce moment elle était proche de moi. Je sens encore sa main sur mon bras, et je me rappelle qu’elle m’a également effleuré les coudes, puis les revers de la veste. Il ne me reste plus qu’à me documenter afin de connaître la signification de ces signes en alphabet braille. ***** — Allo ? Je sais que c’est elle. J’ai reconnu sa voix. Je retiens mon souffle, ne sachant par où commencer. Le mieux est d’être poli car ça ne coûte rien, contrairement à ce que pensent sans doute ceux qui ne le font jamais, ceux à qui on a envie de lancer : « dire bonjour vous écorcherait la langue ? ». — Bonjour. C’est Gaston. Je ne vous dérange pas ?— Au contraire. J’ai plaisir à vous entendre. Bonjour, Gaston. J’attendais votre appel.— Vraiment ? C’est… c’est gentil de dire ça.— Je suis heureuse que vous ayez découvert mon petit message. Il était très bref, mais je savais que vous lui trouveriez une utilité.— Oui, en effet. J’ai dû chercher un peu, parce que je ne connais pas l’alphabet braille, mais j’ai assez ...
... rapidement identifié un numéro de téléphone. Alors voilà…— Je suis désolée pour hier soir. J’aurais voulu vous parler davantage, mais ma sœur s’impatientait parce que nous étions attendues ailleurs, et…— Ce n’est rien, dis-je.— Alors je vous ai glissé ce petit papier.— Oui… c’est beaucoup d’honneur.— D’honneur ?— De vous intéresser à moi.— Pourquoi pas ?— Je ne suis qu’un pauvre type, un éboueur. Et vous, vous êtes une artiste. Je l’entends rire. — Et vous pensez que c’est une plus-value ? Nous sommes tous un peu artistes, et tous un peu éboueurs. Moi, j’ai de la chance. J’ai beaucoup de temps à consacrer à mon art. Vous, vous devez travailler pour vivre. Qu’importe la nature du travail, vos heures de loisir vous sont comptées. Moi, je baigne dans les heures de temps libre, parce que d’autres font le sale boulot à ma place. Je ne sais que répondre. Cette logique me surprend. — Gaston… auriez-vous un peu de votre temps à me consacrer ?— Un peu de… de mon temps ?— Oui. J’aimerais que vous veniez chez moi.— Chez vous ?— Ne vous sentez pas obligé d’accepter. Si vous refusez, je n’en prendrai pas ombrage.— Ce serait un plaisir pour moi de vous rev… de vous retrouver.— Vraiment ?— Un plaisir et un honneur.— Pourriez-vous venir aujourd’hui ? Je n’hésite qu’à peine : — Oui… oui, sans nul doute. Si… ce n’est pas trop loin, bien sûr. Elle me donne l’adresse. — Dans combien de temps serez-vous ici ?— Dans moins d’une heure, si vous voulez.— C’est parfait, Gaston. Je vous attends. C’est ...