Une journée sur les chantiers - Histoires de Sexe

Une journée sur les chantiers

... Et remarquant que son discours les laisse complètement distraits, elle a l’idée de leur poser une question. Tenez par exemple, c’est quoi un nombre ? Deux ou trois par exemple ?— Baaah, deux c’est deux, trois c’est trois, c’est deux plus un, répond Mokhtar après une petite hésitation.— Tu vois, ça n’a pas de sens direct comme ça, on sent que c’est quelque chose mais on n’arrive pas à le définir, à part à le renvoyer à lui-même, alors le philosophe va dire que c’est une idée, ou un concept, et qu’il a certaines règles de fonctionnement, qu’il satisfait à un besoin ou à un désir dans le monde réel, par exemple qu’il nous sert à comparer entre trois moutons et trois tasses, qui n’ont à priori aucune relations entre eux à part ce nombre trois. C’est sa passion à Camille, la philo, quand elle se lance, elle oublie même sa libido. Faut-il signaler que Mokhtar et Vladimir n’ont rien compris à ce qu’elle a pris la peine d’expliquer ? Mokhtar a même pensé que, pour sortir des paroles aussi insensées, elle doit bien être touchée, elle aussi. Vladimir n’a même pas entendu ce qu’elle racontait, tout le temps qu’elle parlait, il se tortillait la grande échine pour se pencher le plus possible sur l’encolure de son chemisier. Il a été encouragé par l’œil doux de Camille qui, non seulement ne l’arrêtait pas, mais qui l’incitait subtilement à aller plus loin. Mokhtar, quant à lui, fume sa clope tranquillement, l’air impassible, mais sa queue est déjà bien dure. Camille sent qu’il ne lui ...

... manque plus qu’une petite invitation pour les faire céder. Elle aurait préféré que Mokhtar s’éclipse pour la laisser avec Vladimir, mais il ne paraît pas bien comprendre, elle a alors la furtive pensée de se les prendre les deux en même temps, ce sera une première pour elle, mais pourquoi pas, se dit-elle, il faut toujours une première fois. Après une petite hésitation, elle décide de faire le grand plongeon. C’est une nécessité. — Je te plais ? dit-elle à Vladimir.— Beh… oui, répond Vladimir perturbé par cette initiative inattendue, car il en a vu de ces allumeuses dans le métro et dans les rues, ces nanas qui te font remonter la sauce et qui t’explosent sur la gueule dès que tu essaies de mettre une main.— Tu peux toucher si tu veux. Vladimir ne croit pas ses oreilles ; il ne s’attendait pas à une invitation aussi franche et précise. Il se tourne vers Mokhtar, cherchant son acquiescement. Il y a aussi dans sa gêne la furtive envie que Mokhtar le laisse seul avec Camille, car les choses se précisent et c’est lui qu’elle préfère. Mais Mokhtar reste de marbre, dégageant de sa bouche de légères volutes de fumée blanche. — Tu peux toucher aussi Mokhtar, lui lance Camille. Alors, toujours avec le calme d’une statuette, il écrase doucement le bout de sa clope dans la soucoupe de sa tasse de café et tend aussi promptement la main vers Camille pour lui envelopper un sein. Ce premier contact a sur elle un effet de décharge électrique, elle a même légèrement sursauté sur sa chaise. ...