1. Confidences


    Datte: 29/07/2017, Catégories: init, ff, copains, amour, cérébral, Masturbation

    Inès n’avait jamais réussi à supporter Charlotte. Les deux jeunes filles vivaient en collocation depuis près de sept mois dans un petit appartement de soixante mètres carrés avec une troisième étudiante, et le bilan de cette expérience sociale n’encourageait guère à l’optimisme. Extérieurement elles adoptaient une attitude indifférente, intérieurement elles se haïssaient. Dans la théorie l’une ne voyait pas l’autre, dans la pratique la première ne voulait pas voir la seconde. Mais parfois l’inévitable se produisait : les deux contraires s’attiraient, faisant jaillir des étincelles à volonté. Lise, la troisième et la plus jeune occupante, supportait de moins en moins ce climat de tension entre ses deux camarades. Elle commençait en effet à se lasser sérieusement de son rôle de médiatrice qui, à ses yeux, ne remplaçait pas la maturité que deux femmes de vingt-cinq et vingt-six ans sont censées avoir. Du haut de ses dix-neuf ans, Lise, qui était pourtant d’une timidité presque maladive, avait su à maintes reprises calmer le jeu, jusqu’à ce beau matin où, après une nouvelle rixe, la bombe à retardement explosa, laissant échapper tout le ressentiment qu’elle avait accumulé pendant des mois. — Vous n’êtes que des chiennasses amères et mal baisées ! Il n’y en a pas une pour sauver l’autre. J’espère que je ne deviendrai pas comme ça avec l’âge ! Je m’en vais et je reviendrai ce soir quand vous aurez décuvé votre connerie ! Le ton menaçant de la benjamine eut sur les autres l’effet ...
    ... d’une douche froide. L’obsession d’avoir le dernier mot sur l’autre, juste avant que le silence radio ne revienne polluer l’atmosphère, s’était momentanément éteinte. Elles restèrent ainsi, bêtes comme deux enfants faisant leur boudin, à regarder la révoltée quitter les lieux. Mais une fois la porte claquée, ce ne fut pas du tout le printemps ou l’odeur des fleurs du mois d’avril qui envahirent l’appartement, mais bien un souffle glacial hivernal, celui-là même dont on sent les crocs se planter dans notre chair quand il nous mord. La haine peut aisément être à la fois glaciale et caniculaire, mais jamais tempérée. ****** Lise revint en fin de journée, heureuse d’avoir pu s’aérer l’esprit et d’avoir évité d’assister à une nouvelle scène. Elle avait passé un bon moment en ville avec ses quelques amis : il faisait doux et la perspective des beaux jours la faisait sourire spontanément. Les passants regardaient avec curiosité, parfois avec désir, cette petite brune aux cheveux courts, toute maigrelette et réservée, qui les faisaient davantage penser à une petite fille fragile et bien élevée. Mais Lise savait aussi qu’en dépit de sa bonne humeur, elle allait devoir, une fois le seuil franchi, affronter encore la hargne des deux belligérantes. Et comme l’idée d’être prise entre deux feux et donc d’être obligée d’endosser son rôle de médiatrice l’insupportait, elle décida de s’enfermer dans sa chambre. Elle n’en ressortit que tard dans la soirée lorsqu’elle comprit qu’elle ne pourrait ...
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